Pavel LOUNGUINE
Павел ЛУНГИН
Pavel LUNGIN
Russie / France, 2005, 103mn 
Couleur, fiction
Familles à vendre
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Бедные родственники

 

 Roots

 Bednyye rodstvyenniki

 
Réalisation : Pavel LOUNGUINE (Павел ЛУНГИН)
Scénario : Pavel LOUNGUINE (Павел ЛУНГИН), Guennadi OSTROVSKI (Геннадий ОСТРОВСКИЙ)
 
Interprétation
Ekaterina BARYMOVA (Екатерина БАРЫМОВА) ...La sirène
Marianna CHULTZ (Марианна ШУЛЬЦ) ...Nina
Evguenia DMITRIEVA (Евгения ДМИТРИЕВА) ...Olga
Elena GALIBINA (Елена ГАЛИБИНА) ...La mère d'Aliona
Sergueï GARMACH (Сергей ГАРМАШ) ...Yacha
Marina GOLOUB (Марина ГОЛУБ) ...Bella
Esther GORINTIN (Эстер ГОРЕНТЕН) ...Esther
Aleksandr ILINE (Александр ИЛЬИН) ...Le maire de la ville
Philippe IVANTCHENKO (Филипп ИВАНЧЕНКО) ...Sacha
Igor JOUKOV (Игорь ЖУКОВ) ...Vitalik
Leonid KANEVSKI (Леонид КАНЕВСКИЙ) ...Barouch
Konstantin KHABENSKI (Константин ХАБЕНСКИЙ) ...Edouard Letov (Edik)
Ekaterina KIBOVSKAIA (Екатерина КИБОВСКАЯ) ...Aliona
Natalia KOLIAKANOVA (Наталья КОЛЯКАНОВА) ...Regina
Grégoire LEPRINCE-RINGET (Грегуар ЛЕПРЕНС-РЕНГЕ) ...Marc-Yves
Miglen MIRTCHEV (Миглен МИРЧЕВ) ...Andrew
Mikhaïl PORYGUINE (Михаил ПОРЫГИН) ...Miroslav
Vladimir SALNIKOV (Владимир САЛЬНИКОВ) ...Kovchikov
Piotr SOLDATOV (Пётр СОЛДАТОВ) ...Grand père Gritsyne
Daniil SPIVAKOVSKI (Даниил СПИВАКОВСКИЙ) ...Tsaussaki
Otto TAUSIG (Отто ТАУСИГ) ...Samuel
Konstantin VOROBEV (Константин ВОРОБЬЕВ) ...Micha
 
Images : Mikhaïl KRITCHMAN (Михаил КРИЧМАН)
Décors : Sergueï BRJESTOVSKI (Сергей БРЖЕСТОВСКИЙ)
Musique : Michel ARBATZ (Мишель АРБАТЦ), Roche HAVET (Рош АВЕ), Youval MICENMACHER (Юваль МИСЕНМАШЕР)
Produit par : Catherine DUSSART (Катрин ДЮССАРТ), Pavel LOUNGUINE (Павел ЛУНГИН), Olga VASSILIEVA (Ольга ВАСИЛЬЕВА)
Production : CDP ARTE FRANCE CINEMA; ONYX FILMS; Canal+;CNC
Distribution en France : Les Acacias acaciasfilms@wanadoo.fr
Date de sortie en Russie : 16/10/2005
 
format : 35 mm
Date de sortie en France : 2006-01-25, Site

Prix et récompenses :
Grand prix Festival ouvert de cinéma russe Kinotavr, Sotchi (Russie), 2005
Meilleur scénario Pavel LOUNGUINE , Guennadi OSTROVSKI , Festival ouvert de cinéma russe Kinotavr, Sotchi (Russie), 2005
Meilleur rôle masculin Konstantin KHABENSKI , Festival ouvert de cinéma russe Kinotavr, Sotchi (Russie), 2005
Prix spécial du Jury Festival du cinéma russe à Honfleur, Honfleur (France), 2005
Meilleur scénario Festival du cinéma russe à Honfleur, Honfleur (France), 2005
Meilleur second rôle masculin Sergueï GARMACH , Prix "Eléphant blanc", Moscou (Russie), 2005
Prix du meilleur film, du meilleur scénario et du meilleur rôle masculin (Konstantin Khabenski) au Festival "Kinotavr", 2005
Bélier d'or de la meilleure réalisation, 2005
Bélier d'or du meilleur scénario, 2005

A noter :
La chanson folklorique ukrainienne "Kourotchka" est interprétée par l'ensemble Poslie Odinadtsati et Klezmasters
Son : Alain Curvelier
Montage : Sophie Brunet

DVD avec sous-titres
Editeur : M6 video

Synopsis
Dans une petite ville d'Ukraine, un jeune homme entreprenant, Edik Letov, a monté une "agence spécialisée" qui propose à des émigrés qui vivent aux quatre coins du monde de les aider à retrouver ceux de leur famille qui sont restés au pays.
Sachant que les proches de ses clients ont certainement disparu, l’arnaqueur organise une sorte de casting : Il va dans une petite ville du sud de la Russie (ou d'Ukraine), y choisit des gens, ressemblant aux personnes recherchées et acceptant pour une somme de 30 à 50 dollars de "jouer leur rôle". Il va jusqu’à payer des pots de vin pour changer le nom de la ville même. En une semaine la ville change une lettre dans son nom et va s’appeler Golotvino au lieu de Goloutvino.
L’arnaqueur semble avoir tout prévu : ses clients viennent juste pour une semaine, payent leur dû, font leur deuil du passé et repartent… Mais une chose le surprend – les gens s’attachent les uns aux autres, en peu de temps ils apprennent à s’aimer. Ceux qui jouent le rôle – oublient, que ce ne sont pas leurs vrais proches, ceux qui ne jouent pas – croient sincèrement, que devant eux se trouvent des membres de leur famille. Et ils commencent à éprouver de vrais sentiments, comme dans une vraie famille. Mais le plan du jeune homme va être compromis et sa vie devenir un cauchemar : il lui faut bientôt neutraliser les conflits qui commencent à éclater dans ces "familles" réunies, comme dans de vraies familles ...
 

Commentaires et bibliographie
Pavel Lungin: Roots (Bednye rodstvenniki), 2005, Michelle KUHN, kinokultura.com, 2006
 
ENTRETIEN AVEC PAVEL LOUNGUINE
réalisé par Franck Garbaz, publié par Acacias-Films (dossier de presse)

Comment est né le projet de Familles à vendre ?
Quand j'ai découvert le scénario de Guennadi Ostrovskii, j'ai été frappé par l'histoire profondément humaniste qu'il racontait : il évoque en filigrane l'une plus grandes tragédies du XXème siècle - l'éclatement des familles dû à la Shoah et au goulag -avec beaucoup d'humour. Mais il le fait en partant d'un simple fait divers pour dire des choses fondamentales : je compare souvent ce procédé à une petite flaque d'eau dans laquelle se refléterait toute la réalité du monde. Les plus grandes œuvres d'art partent souvent d'une situation en apparence anecdotique qui contient en réalité le monde entier, comme les films de Fellini ou Chaplin. D'autre part, j'aimais l'idée du script qu'après les tragédies de l'Histoire, nous sommes tous parents les uns des autres, et nous appartenons tous à la même famille : c'est pourquoi, à la fin, Samuel adopte la vieille Esther, bien qu'il sache qu'elle n'est pas sa sœur.

Dans Un nouveau Russe, vous dénonciez la place qu'a prise l'argent dans la société russe d'aujourd'hui. Ici, l'argent corrompt toujours, mais sur un mode irrévérencieux et joyeux ...
C'est qu'on ne peut pas passer son temps à faire son deuil de ces changements fondamentaux qui ont bouleversé la Russie ! Dans Familles à vendre, la corruption est présentée comme un fait acquis et ancré dans les mœurs : tout s'achète et tout se vend. Pour autant, les gens sont restés les mêmes et j'éprouve une infinie tendresse pour eux. Malgré la corruption, ils sont capables d'aimer, et c'est, pour moi, ce qu'il y a de plus important.

Le film tout entier est placé sous le signe de la sensualité et de la sexualité, et l'on sent qu'il est traversé par un incroyable appétit de vie...
Absolument. Vous savez, parmi les péchés capitaux, il n'existe pas d'interdiction autour du mensonge. D'ailleurs, pour moi, le mensonge fait travailler l'imaginaire et se situe donc à l'origine de la culture et de l'art. En mentant, Edik provoque la vie et suscite l'amour, les rencontres, la sensualité et la sexualité. Cette provocation a lieu dans le monde endormi de cette petite ville qui, soudain, s'éveille à la vie et à l'amour. J'ai le sentiment que cet appétit de vie dont vous parlez correspond à la Russie d'aujourd'hui, alors qu'on l'a perdu en Europe occidentale.

Il y a aussi une dimension de farce : la ville rebaptisée, la mascarade organisée par Edik, le chaos qui s'installe... On pense à Kusturica...
Même si son univers est beaucoup plus baroque que le mien, il y a effectivement beaucoup d'éléments qui nous rapprochent. Car, comme lui, à travers cet indescriptible chaos dont vous parlez, où tout le monde ment, ressort une dimension humaine très forte.

Vous filmez certaines scènes d'amour, entre Edik et Regina, comme des scènes de ballet...
Oui, car cela correspond au style du film. On ne sait jamais s'ils s'apprêtent à faire l'amour ou à s'entre-tuer ! En même temps, Edik réveille la femme en Regina : elle change de coupe de cheveux, d'attitude, de plastique... Leur attitude à tous les deux me fait penser à une parade nuptiale. Il y a, de fait, comme une chorégraphie au cœur de leurs mouvements.

Votre manière de découper l'espace à partir de décors géométriques est frappante ...
C'est en grande partie grâce au chef-opérateur, Mikhail Kritchman, qui a notamment éclairé Le Retour d'Andreï Zviaguintsev. Nous avons beaucoup joué sur les lignes géométriques du monde extérieur qui tranchent brutalement avec l'univers chaotique du petit village.

Quels ont été vos choix de mise en scène ?
Dans La Noce, j'avais entièrement tourné caméra à l'épaule. Ici, nous avons filmé de manière plus traditionnelle, mais sans céder à la mode actuelle du minimalisme. Mon monde est constamment en mouvement, car, pour moi, la vie déborde d'énergie. Je n'aime rien tant que me situer au milieu du cadre, au milieu de l'action qui se déroule sur l'écran - et surtout pas au bord, tel un observateur. C'est pour cela que, dans ma conception du cinéma, la caméra participe toujours à l'action et n'est jamais en retrait.

Parlez-moi de votre rencontre avec Esther Gorintin.
Je n'ai fait le film que parce que j'ai rencontré Esther Gorintin : son visage et son regard plein d'amour, sa manière de s'exprimer et sa vie même m'ont totalement bouleversé. Il émane d'elle une bonté extraordinaire et on sent qu'elle ne peut pas perdre goût à la vie. C'est précisément cette dimension-là, qu'incarne Esther, que la Shoah a détruite chez nous. Je n'ai d'ailleurs pas pu trouver d'interprète pour ce rôle en Russie, et c'est donc en France que nous l'avons dénichée. Elle est vraiment le pivot émotionnel du film. Elle a joué en russe et en yiddish : en l'écoutant, j'ai retrouvé le yiddish de mes grands-parents que je n'avais pas entendu depuis des années...

Et les autres comédiens ?
Ce sont tous des comédiens professionnels, issus d'horizons très différents. Par exemple, Konstantin Khabensky, qui incarne Edik, est une grande star en Russie et a notamment joué dans Night Watch, distribué en France. C'est un comédien de films d'action et c'est la première fois qu'il témoigne d'autres facettes de son talent : je ne suis pas surpris qu'il ait obtenu, pour notre film, le prix d'interprétation au plus grand festival de cinéma de Russie... D'ailleurs, Familles à vendre a également remporté le prix du meilleur film. Quant à Natalia Koliakanova, qui campe Regina, elle a débuté avec moi dans Taxi Blues et les femmes qu'elle interprète sont systématiquement violées dans tous mes films - sans que je sache pourquoi !

Vous commencez à être apprécié dans votre pays ?
Comme je travaille systématiquement dans des genres cinématographiques qui n'existent pas en Russie, mes films sont d'abord incompris, puis, peu à peu, sont considérés comme des classiques. C'est ainsi que La Noce est devenu, au cours des dix dernières années, le film le plus aimé en Russie : à chaque grande fête, comme Noël ou Pâques, il est diffusé. Mais avec Familles à vendre, c'est la première fois qu'un de mes films est apprécié immédiatement, dès sa sortie. Je me suis dit qu'enfin la Russie m'a adopté !

La musique joue un rôle important, en contribuant à l'humour du film.
De même que je n'ai pas pu trouver mon Esther en Russie, je n'y ai pas trouvé non plus de musiciens. J'ai donc rencontré Michel Arbatz, qui joue au sein d'une petite formation de jazz, à Montpellier : c'était la première fois qu'il travaillait pour le cinéma et il a improvisé sur les images du film en produisant une musique d'une grande modernité, gaie et triste à la fois...

Grâce à l'utilisation que vous faites de cette partition, Familles à vendre est presque un film musical...
Je suis complètement d'accord avec vous. Pour moi, chaque œuvre correspond à une note musicale particulière, et la musique d'Arbatz nous a permis de déterminer le ton juste du film, entre mélancolie et ivresse de vie...

Au moment de commencer le montage, avez-vous déjà une idée précise du résultat final ?
Quand je tourne une scène, je vois presque d'avance à quoi elle ressemblera au final : je suis toujours à la recherche d'une émotion particulière que je filme en la visualisant, dans mon esprit, découpée et montée. Je ne suis pas du genre à accumuler énormément de prises pour disposer d'un matériau considérable dans lequel puiser par la suite...

Sélections dans les festivals ou événements :
- Russian Resurrection Film Festival, Différentes villes (Australie), 2019
- Festival du cinéma russe à Honfleur, Honfleur (France), 2012
- Les rencontres culturelles Russenko, Le Kremlin-Bicêtre (France), 2012
- Festival des cultures juives, Paris (France), 2010
- Rétrospective Pavel Lounguine, jeune cinéma russe et animation à la Сinémathèque de Nice, Nice (France), 2010
- Festival international du film d'Arras. L'autre cinéma, Arras (France), 2009
- Festival de films russes : Spoutnik au dessus de la Pologne, Varsovie (Pologne), 2009
- Journées du cinéma russe à Orléans, Orléans (France), 2007
- Les rencontres de Valence, Valence (France), 2006
- Festival Univerciné de Nantes, Nantes (France), 2006
- Sortie en France en salle du film :, Différentes villes (France), 2006-01-25
- Quinzaine du cinéma russe à Strasbourg, Strasbourg (France), 2006
- Festival Kinoblick, Stuttgart (Allemagne), 2005
- Festival des Films du Monde : FFM, Montréal (Canada), 2005
- Semaine du nouveau cinéma russe à Paris : Regards de Russie, Paris (France), 2005
- Festival du cinéma russe à Honfleur, Honfleur (France), 2005
- Festival ouvert de cinéma russe Kinotavr, Sotchi (Russie), 2005
- Prix "Eléphant blanc", Moscou (Russie), 2005
- Festival de cinéma russe "Vyborg" (anciennement ''Une fenêtre sur l'Europe''), Vyborg (Russie), 2005
- Festival international du film de Moscou, Moscou (Russie), 2005
- Semaine de cinéma russe à New York, New York (USA), 2005

Images et vidéos