композитор : Сергей Рахманинов / Musique : Sergueï Rachmaninov
Production : Lenfilm, Фонд «Пример интонации» / Fondation "Primer intonatsii"; Правительства Санкт-Петербурга / Mairie de Saint Pétersbourg; при поддержке Министерства культуры Российской Федерации / avec le soutien du Ministère de la Culture de la Fédération de Russie
L'action du film se passe en 1916. C'est l'histoire d'un petit gars de la campagne, engagé volontaire de la Première Guerre mondiale. Dès le premier affrontement, il est victime d'une attaque de gaz qui lui font perdre la vue. Il reste néanmoins au front en qualité de soldat "écoutard" (sloukhatch) qui, grâce à un énorme entonnoir, écoute le ciel pour annoncer l'arrivée imminente des avions allemands ennemis.
La musique est signée Serge Rachmaninov. En 1909, le compositeur russe écrivit son Concerto N°3 pour piano et orchestre. Sa puissance et son énergie étaient, pour l'époque, d'une audace incroyable. Aussi incroyable aurait paru l'idée que, cinq ans plus tard, les peuples européens si civilisés allaient sombrer dans le carnage de la Première Guerre mondiale. Cette musique du génial compositeur fut comme le pressentiment des épreuves terribles qui attendaient son peuple. Quelques décennies plus tard, Rachmaninov a écrit son oeuvre la plus grandiose par sa force. Puis, il a cessé de composer...
La musique concourt au portrait d'une génération traumatisée.
Aleksey, joué par Vladimir Korolev, est le personnage principal du film, un jeune paysan chétif et souriant, qui s'enrôle volontairement dans l'armée. Mais dès la première bataille, il est victime d'une attaque au gaz allemande et devient aveugle. Refusant d'être démobilisé, Alexey est versé dans une division antiaérienne, dans laquelle ce soldat aveugle a pour tâche «d'écouter le ciel» à l'aide d'un «radar sonore» et d'avertir les artilleurs antiaériens de l'arrivée imminente d'avions ennemis.
«Une jeunesse russe», un long-métrage d'Alexandre Zolotoukhine. Image du film
L'idée du réalisateur trentenaire Alexandre Zolotoukhine a mûri pendant presque une dizaine d'années.
«Quand j'étais en troisième année, mon maître, Alexandre Sokourov, nous a conseillé d'établir une liste d'idées de films à réaliser durant notre vie, raconte le jeune réalisateur, à l'époque, j'ai listé plusieurs thèmes transversaux: "l'homme à la guerre", où les circonstances tragiques révèlent la vraie personnalité de l'homme, aussi bien son côté négatif que celui de l'amour, de la tendresse et de la compassion, puis "la vie en Russie au quotidien du début du XXe".»
tique?
Au moment où le réalisateur tombe par hasard sur des images de «détecteurs acoustiques» qui étaient utilisés lors de la Première Guerre mondiale, ses deux thèmes de prédilection, qui, à la première vue, n'avaient rien en commun, se croisent en un seul scénario celui d'«Une jeunesse russe» («Maltchik russkij», en russe). Tourné dans un esthétisme raffiné, rappelant les films documentaires en sépia ou les images d'archives, le ton choisi par le réalisateur est très sobre:
«Le seul ton juste à adopter dans un récit sur la guerre, c'est le respect et la compassion», confie Alexandre Zolotoukhine à Sputnik.
Mais le film surprend et heurte aussi le spectateur par un autre aspect, sonore cette fois-ci. La bande-son originale est issue d'une répétition d'orchestre interprétant le troisième concerto pour piano de Sergei Rachmaninov, composée cinq ans avant la guerre, une sorte de prophétie musicale, ressentie dans la musique. «Le son et son absence jouent un rôle important dans le film. Ce qui, bien sûr, semble logique: après tout, le héros est aveugle, écrit le critique Georges Nivat, mais dans le cas présent, le monde lui-même est construit par le son, bien qu'il s'agisse de cinéma. Ce film est comme les énormes oreilles de "l'écouteur", qui visent le ciel, dans lequel un seul oiseau vole.» (https://fr.sputniknews.com/culture/201903131040348501-une-jeunesse-russe-vision-mouvante-premire-guerre-mondiale/)