Liocha Shultes a 25 ans et est ancien athlète. Un grave accident de voiture a interrompu sa carrière sportive et il est devenu voleur à la tire. C'est son unique moyen de communication avec le monde extérieur. Sinon, il vit seul avec sa mère malade et de temps à autre rend visite à son jeune frère qui est militaire. Dans sa vie, l'amour, l'amitié et les relations humaines n'ont pas leur place. Un jour cependant, il reçoit le message vidéo d'une jeune fille qu'il a volée la veille ...
"Vous aurez alors toutes les raisons de penser que le premier long métrage du Russe
Bakur Bakuradze pousse un peu loin le démarquage du chef-d’oeuvre signé en 1959
par Robert Bresson (Pickpocket) […]. Shultes est pourtant un film remarquable, qui se
réapproprie Bresson en lui rendant un juste hommage, bien davantage qu’il ne le plagie.
La raison en est très simple, elle tient à deux facteurs essentiels. Le premier est qu’un
demi-siècle s’est écoulé entre les deux films, transfigurant le monde au passage, le
second est que celui-ci nous vient d’une Russie nouvelle. La conséquence, c’est que
Shultes est moins l’itinéraire d’une rédemption individuelle que l’allégorie d’un pays en
proie à la désintégration de son identité et à l’oubli de son Histoire. […] Lesha Shultes
est de fait, après un accident de voiture, un amnésique dont l’imaginaire de substitution
va paradoxalement le conduire à renouer avec le destin tragique de la grande tradition
russe. Le choix des deux principaux acteurs, remarquables, ne fait que confirmer ceci,
en renouant avec l’épopée du petit peuple : Gela Chitava (Shultes) est chauffeur de son
état, et son compagnon de larcins, le jeune Ruslan Grebenkin, vit dans un orphelinat de
Moscou. Sous couvert d’une étude de cas pathologique, Shultes nous rappelle avec
beaucoup de subtilité que l’occultation de l’Histoire conduit ni plus ni moins qu’à sa
répétition, fût-ce sous d’autres formes. La découverte d’un film russe de cette qualité et
de cette importance est donc un véritable événement, et Bakur Bakuradze est sans nul
doute un nom qu’il faudra retenir". Jacques Mandelbaum, Le Monde (www.arenberg.be/dbfiles/mfile/400/450/ET09_prog.pdf)