Rodion NAKHAPETOV
Родион НАХАПЕТОВ
Rodion NAKHAPETOV
URSS, 1980, 136mn 
Couleur, fiction
Ne tirez pas sur les cygnes blancs
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Не стреляйте в белых лебедей

 

 Do not Shoot at White Swans

 Ne stre lyayte v blym lebedey

 
Réalisation : Rodion NAKHAPETOV (Родион НАХАПЕТОВ)
 
Interprétation
Vera GLAGOLEVA (Вера ГЛАГОЛЕВА)
 
Production : Mosfilm
 

Prix et récompenses :
Meilleur film de fiction au Festival national de cinéma de Moscou en 1979
Grand prix au festival international du film d’auteur de San-Remo en 1979

Synopsis
Sofiko est journaliste pour un quotidien géorgien. Après avoir lu des lettres de lecteurs, elle essaie avec compassion de leur venir en aide. Elle se passionne pour ce travail qui lui laisse bien peu de temps à consacrer à son mari, Artchil, et à ses deux enfants. Le destin de sa mère arrêtée sous Staline, puis réhabilitée, alors qu’elle était déjà une adolescente, l’a beaucoup marqué. Un jour elle rencontre son mari en compagnie d’une femme jeune, belle et disponible…
 

Commentaires et bibliographie
 
« Ses rencontres sont drôles, tristes et pittoresques. Mais la plus importante que fait l'héroïne, c'est la rencontre avec elle-même, avec les problèmes qui modifient subitement le cours de sa vie. Que se passera-t-il après ? Nous ne le savons pas, elle non plus. Mais nous savons malgré tout qu'elle va surmonter son chagrin et qu'elle continuera à travailler, à élever ses enfants : la vie lui a appris à être courageuse.
Le thème du film, son héroïne, me sont proches. Non par le côté événementiel, mais par sa relation à la vie. J'ai voulu faire un portrait de l'héroïne « en relief », afin que soient visibles ses racines psychologiques, biologiques, sociales. Par exemple, le rapport de la femme à ses enfants, à sa mère, est très important, il est toujours différent du rapport de l'homme avec ses parents et ses enfants. J'ai voulu exprimer le rapport « mère-fille-mère », ce lien sanguin, d'une façon particulièrement précise, éclatante.
Quand une femme tourne un film, le meilleur compliment à son égard est qu'elle a fait un film « d'homme ». Une main masculine, une écriture masculine. J'ai envie d'exprimer le point de vue d'une femme sur le monde, un point de vue aussi unique, aussi particulier que le contact physique d'une mère et de son enfant. Cependant, en faisant un film « de femme », Zaira Arsenichvili et moi-même n'avons pas voulu mettre en pièces le mari de l'héroïne. Erlom Akhvlediani ne l'aurait d'ailleurs pas permis. Pour parler plus sérieusement, je n'ai pas de point de vue arrêté sur le divorce. Bien ou mal, il apporte toujours des souffrances. Nous voulions montrer les causes des souffrances. De plus, quelle que soit la complexité des circonstances, on ne doit pas se comporter comme un lâche. La femme actuelle est placée devant des problèmes auxquels il n'existe pas de solution unique, et qui nécessitent un certain nombre de reculs. Sans parler d'un travail « envahissant », qui ne peut pas ne pas laisser d'empreinte sur le psychisme, tout travail exige de la femme et forme en elle un esprit d'indépendance et un courage qu'elle manifeste dans les autres sphères de l'existence. Mais d'autre part, le bonheur et la prospérité d'une maison, d'une famille présuppose des qualités opposées chez la femme. Comment concilier les exigences aussi diverses, et peut-on les concilier ? Il est difficile de proposer des solutions à des problèmes psychologiques et sociaux qui n'en sont qu'au stade du développement. Mais l'un des buts du film était de poser ces questions et de décrire ces situations avec vérité.
Le film, dont le mouvement est presque entièrement lié à la personnalité de l'héroïne, exigeait des acteurs un potentiel spirituel riche. Dès le début, le rôle de l'héroïne était destiné à Sofiko Tchaoureli, dont la personnalité est étonnamment proche du monde intérieur du personnage. Nous nous sommes même volontairement conformés au caractère de l'interprète, son impétuosité, le tranchant de ses réactions, son honnêteté de sentiments. Chez Sofiko, ces qualités s'allient harmonieusement avec la finesse, la délicatesse. Tout cela était très important pour notre personnage. Et je suis particulièrement attachée aux épisodes où l'interprète exprime sa sensibilité envers la douleur de l'héroïne, envers son désarroi...
Lana Gogoberidze, Quel est le sujet ?, Iskousstvo Kino, n° 9, 1978