Vera GLAGOLEVA
Вера ГЛАГОЛЕВА
Vera GLAGOLEVA
Russie, 2009, 85mn 
fiction
Une guerre
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Одна война

 

 One War

 Odna voyna

 
Réalisation : Vera GLAGOLEVA (Вера ГЛАГОЛЕВА)
Scénario : Marina SASSINA / SARK (Марина САСИНА / САРК)
 
Interprétation
Aleksandr BALOUEV (Александр БАЛУЕВ) ...Karl
Mikhaïl KHMOUROV (Михаил ХМУРОВ) ...Major du NKVD
Natalia KOUDRIACHOVA (Наталья КУДРЯШОВА)
Youlia MELNIKOVA (Юлия МЕЛЬНИКОВА) ...Ninka
Ksenia SOURKOVA (Ксения СУРКОВА)
Natalia SOURKOVA (Наталья СУРКОВА) ...Mama Choura
 
Images : Rouslan GUERASSIMENKOV (Руслан ГЕРАСИМЕНКОВ)
Décors : Igor KOTSAREV (Игорь КОЦАРЕВ)
Musique : Sergueï BANEVITCH (Сергей БАНЕВИЧ)
Produit par : Vera GLAGOLEVA (Вера ГЛАГОЛЕВА), Natalia IVANOVA (Наталья ИВАНОВА)
Production : Khorosho Production, GVI-group
International sales : INTERCINEMA
Recettes en Russie : 0.0397 million(s) de dollars
 
format : 35 mm
Site : www.onewar.ru/

Prix et récompenses :
Grand prix Festival international du film de Sofia, Sofia (Bulgarie), 2010
Prix de la ville Rencontres avec le cinéma russe de Limoges, Limoges (France), 2010
Prix du Jury Festival Univerciné de Nantes, Nantes (France), 2010
Grand prix Festival "Vive le cinéma de Russie", Saint-Pétersbourg (Russie), 2010
Grand prix Festival international des films des Etats Membres de la CEI ''Premières de Moscou'', Moscou (Russie), 2009
Grand prix Festival international du cinéma musulman, Kazan (Russie), 2009
Grand prix Festival du cinéma russe à Honfleur, Honfleur (France), 2009
Prix du public Festival du cinéma russe à Honfleur, Honfleur (France), 2009
Prix du public Festival de cinéma et de théâtre ''Automne de l'Amour'', Blagovechtchensk (Russie), 2009
Meilleure image Rouslan GUERASSIMENKOV , Festival de cinéma et de théâtre ''Automne de l'Amour'', Blagovechtchensk (Russie), 2009
Prix Valeri Frid Festival international du film sur les droits de l'homme "Stalker", Moscou (Russie), 2009

Synopsis
Le film inspiré de faits réels est consacré à une page méconnue de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale. L'action se situe au début du mois de mai 1945 sur une île où des femmes et leurs enfants purgent leur châtiment. Elles viennent de territoires d'URSS occupés par les Allemands ennemis et qui de surcroit sont les pères de leurs enfants. On annonce la victoire. Les femmes pensent être pardonnées et pouvoir rentrer chez elles. Mais l’ordre arrive d’envoyer les femmes dans un camp et leurs enfants dans des orphelinats. Sera-t-il exécuté ?
 

Commentaires et bibliographie
Vera Glagoleva : One War (Odna voina, 2009), Denise YOUNGBLOOD, kinokultura.com, 2010
 

Interview de Vera Glagoleva
A propos du film « Une Guerre »


Interview faite pour Kinoglaz par Nicole Migault
Honfleur, le 29 novembre 2009


Dans votre film vous abordez un sujet dont personne n’avait parlé jusque là. Comment vous est venue l’idée de ce film ?

Le plus important était d’arriver à croire que cela avait pu exister. Dans notre pays on ne parlait pas de ce problème. Je connaissais des histoires de ce genre en France, en Belgique, en Pologne, mais ce qui s’est passé chez nous a été plus terrible encore. Le scénario de Marina Sassina m’a bouleversée et j’ai tout de suite compris que je devais le réaliser. Et ensuite, au cours de notre travail, nous avons découvert beaucoup de choses. Nous avons travaillé dans les archives photographiques et cinématographiques de Krasnogorsk, nous sommes allées visiter le Musée des Œuvres de Détenus qui a été pour moi un choc. Quand on entre là, on comprend l’étendue de la tragédie car les gens sont restés dans les camps de 1937 à 1953, et certains jusqu’en 1956, jusqu’à la déstalinisation…
Par ailleurs je connaissais l’histoire de ma famille, de mon grand-père, le père de ma mère, que je n’ai jamais connu. Il a été condamné en 1937. Je me souviens que ma mère racontait que ma grand-mère avait été emprisonnée dans un Camp pour Femmes de Traîtres à la Patrie, le camp d’Akmolinsk. Ma grand-mère y a passé presque 16 ans. C’est terrible aussi. Ce n’est pas par hasard que nous avons dédié notre film à la génération de nos pères et de nos grands-pères car c’est la tragédie de notre pays, la tragédie de plusieurs générations.

Avez-vous rencontré des femmes et des enfants qui ont vécu cela ?

Personnellement non, mais j’ai vu beaucoup de cas de ce genre dans les documents d’archives. J’ai emprunté dans mon film certains détails des images filmées dans les chroniques documentaires que nous avons visionnées. Certaines scènes de notre film ont été directement inspirées par certaines photos. Par exemple j’avais besoin d’un vieillard. Je savais à quoi il devait ressembler et j’essayais de l’expliquer à mes assistants. C’était difficile. Et soudain je vois dans les archives les photos d’un vieux pêcheur d’un kolkhoze de pêche. Je leur dis : « Prenez cette photo et cherchez un homme comme ça ». Et nous l’avons trouvé. C’est le premier cas. Le deuxième est celui de la scène que j’aime beaucoup, celle où le personnage de Ania dans le film grimpe à une échelle et où le commandant la regarde. Soudain elle se retourne et sa jupe se soulève. Cela aussi m’a été inspiré par les photos que j’ai vues, il y avait une photo semblable… Et il y a eu plusieurs scènes comme ça.

Dans quelle région avez-vous tourné ?

Nous avons tourné en Carélie sur le lac Ladoga. Peut-être que les français comprendront mieux où cela se trouve si je leur dis que ce n’est pas loin de l’île de Valaam, à 600km au nord de Saint Pétersbourg. C’est un très bel endroit, austère. Nous nous sommes déplacés deux fois pour choisir le site. Nous avons longtemps hésité dans le choix de l’île. C’était en mars alors qu’il y avait encore beaucoup de neige, malgré cela l’opérateur, le décorateur et moi sommes tombés d’accord pour que l’île Estonski soit le lieu de notre tournage et nous avons eu raison. La nature de cette région et les eaux du lac Ladoga sont devenues une partie intégrante de notre film. J’ai eu beaucoup de chance avec le chef décorateur, Igor Kotsarev. Il a travaillé pour le film bien connu de Pavel Lounguine ; « L’île ». Tout ce que le spectateur voit à l’écran a été construit et fabriqué par lui et son équipe : et la maison et le séchoir et la grange et les tentes et la passerelle. La passerelle à elle seule fait près de 500m. Ils ont accompli un énorme travail et ils ont tout fait en temps voulu et de manière à ce que ce soit crédible pour le spectateur. Dans ce film j’ai travaillé pour la première fois avec Rouslan Guérassimenkov, un opérateur remarquable. J’ai eu un immense plaisir à travailler avec lui sur le plateau. L’image, le style de prise de vues, la couleur, tout a été fait tel que nous l’avions conçu.
Les enfants qui jouent dans le film sont de cette région, de Carélie. Je suis très contente d’avoir eu ces enfants là, ils ressemblent à leurs mères du film. Le casting devait le prendre en compte. Il est toujours compliqué de travailler avec des enfants surtout lorsqu’ils sont quatre dans le plan, mais nous arrivions à nos fins par divers moyens, soit par la persuasion, soit par la ruse, soit en trichant.
Il faut dire que la nature elle-même nous a aidés. D’après le scénario le 8 mai le temps devait être maussade et le 9, quand nos héroïnes fêtent la victoire, il devait y avoir du soleil, puis à nouveau un temps maussade. Et cela a été très difficile de filmer cela car comme un fait exprès il faisait toujours beau. Et voilà qu’au moment où nous avions besoin d’un gros nuage, il est apparu soudain… ça a été pour tout le monde la plus grande joie. Nous avions besoin d’une tempête et les eaux du lac ont été agitées une seule fois durant le mois et il nous fallait le filmer. C’était indispensable pour la scène de la noyade de Maroussia… Nous allons sur le plateau de tournage, nous nous préparons à la scène, l’eau du lac Ladoga était froide, 10 degrés, nous ne pouvions donc pas faire beaucoup de prises et voilà que le vent se lève et qu’éclate la tempête…C’était comme si des forces invisibles nous aidaient. Tout le monde a poussé un cri. De la même manière nous avons pu filmer les oies au début du film, quand le commandant arrive en bateau. Juste à ce moment là il y avait des oies sur le lac et elles se sont envolées.

Votre film traite d’un sujet difficile, parle d’événements douloureux et pourtant il a quelque chose de lumineux. Cette solidarité entre les femmes, leurs relations chaleureuses sont étonnantes. Est-ce typique des femmes russes ?

Oui, c’est typique des femmes russes surtout quand elles se trouvent dans des conditions extrêmes comme nos héroïnes. D’autant plus qu’elles sont avec leurs enfants. Comme vous avez pu le remarquer elles ne font pas de différence entre leur propre enfant et celui des autres… et s’il n’y avait pas eu cette solidarité elles n’auraient peut-être pas survécu. C’est étonnant mais même en ces temps terribles les mères essayaient de ne pas abandonner leurs enfants et la séparation était vécue comme une tragédie, ce qui n’est pas du tout le cas aujourd’hui…

Le film est-il déjà sorti en Russie ?

Pour le moment il est présenté dans les festivals mais en avril 2010, lorsque notre pays fêtera le soixantième anniversaire de la Victoire sur le nazisme, le film sortira sur les écrans.

Donc les spectateurs n’ont pas encore vu le film en Russie ?

Seulement ceux qui ont pu le voir dans les festivals. Il y en a un certain nombre. Nous avons reçu des prix pratiquement dans tous les festivals où nous avons présenté notre film. Le prix que nous avons obtenu à Kazan au festival du cinéma musulman a été pour nous extraordinaire parce que notre film n’aborde pas un thème musulman. Mais c’est notre film qui l’a emporté parce qu’il parle de choses humaines simples qui sont, on le sait bien, en dehors des nationalités, en dehors des religions.

Ne pensez-vous pas que le sujet que vous traitez, avoir un enfant avec l’ennemi, puisse blesser certaines personnes, les vétérans de la guerre, par exemple ?

Si on considère attentivement notre film, non, car en général il s’agissait de viols. Il n’y a que l’histoire de maman Choura qui est allée chez les allemands de son propre gré mais il faut comprendre pourquoi… Dans le dialogue qu’elle a avec le commandant elle lui dit : « Moi aussi j’ai couché avec l’ennemi parce que je n’avais rien à donner à manger à mes enfants. »

Mais il y a cependant une histoire d’amour dans le film.

Oui. C’est l’amour entre la belle Nina et le capitaine en retraite Karp Nitchiporouk. Grâce à cet amour il prend conscience que lui seul peut sauver ces femmes, leurs enfants, et son amour…

Comment avez-vous choisi le titre de votre film « Une Guerre » ?

C’était le titre du scénario et cette phrase « Une guerre, (la même guerre) » reflète parfaitement le sens de notre film. On ne peut trouver mieux.

Parlons de vous maintenant. Vous êtes actrice, vous avez tourné dans de nombreux films, et vous êtes réalisatrice. Qu’allez-vous choisir maintenant, le métier d’actrice ou celui de réalisatrice ?

Je serai toujours actrice. En ce moment je joue dans deux spectacles de deux théâtres connus de Moscou. Après Honfleur je rentre à Moscou et le lendemain je joue dans un spectacle à Tcheliabinsk. Je travaille toujours en tant qu’actrice. Actuellement je me lance dans l’enseignement : nous avons une école de télévision à Ostankino où Alexandre Zbrouev et moi enseignons le métier d’acteur. Que dire ? La mise en scène m’attire mais malheureusement il y a peu de bons scénarios. Je lis beaucoup en ce moment. J’ai compris qu’il fallait lire non pas des scénarios mais de la bonne littérature, que c’est là qu’il fallait chercher. Nous avons actuellement tellement de héros ternes, sans caractère, sans consistance, des choses insignifiantes. En fait je cherche un matériau.

Avez-vous un film en projet actuellement ?

Non, pas pour le moment. Cela me pèse car à dire vrai j’ai très envie de travailler. Nous avons tourné le film en mai 2008. Puis nous avons eu 6 mois de calme plat pendant lesquels nous n’avons rien fait, nous attendions de l’argent de l’état, de Goskino, car nous avions fait le film sans soutien financier. Nous avons fait une demande de subvention et pour le film et pour la finalisation du projet. Et pendant 6 mois nous avons attendu l’argent pour terminer notre projet, argent qui ne nous a jamais été donné. Maintenant je pense qu’ils ont honte car après ils nous ont promis quelque chose, mais après et pour le moment nous n’avons toujours rien. Quand maintenant on nous aime dans les festivals et que nous recevons des prix partout, on nous envoie des SMS « Nous sommes fiers de vous ». Il est temps. Merci.
C’est pourquoi en mars 2009 j’ai commencé la postproduction et en mai le film était prêt. Fin mai nous avons participé à un premier festival puis nous avons été sélectionnés dans la catégorie « Cinéma russe » du Festival International de Cinéma de Moscou, ensuite nous avons eu le prix du public à Vyborg. On écrit beaucoup d’articles sur notre film mais ce sont des articles d’information, il n’y a pas eu d’analyse approfondie sauf dans Iskusstvo kino. Autrefois nous avions une véritable critique, les critiques de cinéma soient encensaient le film soit le fustigeaient, mais ils écrivaient des articles de fond, argumentaient, parlaient du travail des acteurs, c’est important. Aujourd’hui il n’y a pas une seule analyse bien que le film ait reçu 13 ou 14 prix. C’est une autre époque. Or quand on vient quelque part, à Honfleur par exemple, on se rend compte qu’il y a une demande pour le cinéma russe, ne serait-ce que dans cette ville, ne serait-ce que dans ce cinéma. A 10h du matin la salle est pleine. C’est formidable, cela fait plaisir, parce qu’on ne s’attend pas à ce que le cinéma russe puisse intéresser les spectateurs français. Malheureusement le cinéma russe, sans vouloir offenser personne, est, je ne dirais même pas pessimiste, mais dépressif. On essaie continuellement de nous montrer que nous vivons dans un pays en dépression. C’est affreux car on ne laisse pas la moindre lueur, le moindre espoir. Peut-être est-ce ainsi dans la vie mais l’excès d’horreurs c’est terrible.

Peut-être y aura-t-il des articles de fond avant la sortie du film ? C’est ce qui se passe chez nous d’habitude.

Sans doute. Il faut espérer. J’ai donné beaucoup d’interviews, j’ai beaucoup parlé du film.

Sélections dans les festivals ou événements :
- La guerre dans le cinéma russe contemporain, kinoglaz.fr (France), 2023
- Festival international des films des Etats Membres de la CEI ''Premières de Moscou'', Moscou (Russie), 2022
- Festival de l'art et du cinéma russe, Monaco (Principauté de Monaco), 2016
- Festival de cinéma russe à Marly, Marly (France), 2012
- Quinzaine du cinéma russe à Strasbourg, Strasbourg (France), 2012
- Festival international des films des Etats Membres de la CEI ''Premières de Moscou'', Moscou (Russie), 2012
- Festival du Film de Cottbus - Festival de Cinéma Est-européen, Cottbus (Allemagne), 2010
- Russian Resurrection Film Festival, Différentes villes (Australie), 2010
- Festival international "Love is Folly", Varna (Bulgarie), 2010
- Festival international du film de Sofia, Sofia (Bulgarie), 2010
- Rétrospective Pavel Lounguine, jeune cinéma russe et animation à la Сinémathèque de Nice, Nice (France), 2010
- Festival de l'art russe à Cannes, Cannes (France), 2010
- Quinzaine du cinéma russe à Strasbourg, Strasbourg (France), 2010
- Festival du film de Cabourg / Journées romantiques, Cabourg (France), 2010
- Rencontres du cinéma européen, Vannes (France), 2010
- Année croisée France-Russie, Différentes villes (France), 2010
- Journées du cinéma russe à Orléans, Orléans (France), 2010
- Rencontres avec le cinéma russe de Limoges, Limoges (France), 2010
- Festival Univerciné de Nantes, Nantes (France), 2010
- Festival international du film d'histoire de Pessac, Pessac (France), 2010
- Festival international du film de Tbilissi, Tbilissi (Géorgie), 2010
- Festival international du film de Dublin : Jameson, Dublin (Irlande), 2010
- Festival international du film d'Haïfa, Haïfa (Israël), 2010
- Festival du film russe à Londres, Londres (Royaume Uni), 2010
- Festival de Cinéma Européen Indépendant VOICES, Vologda (Russie), 2010
- Festival "Vive le cinéma de Russie", Saint-Pétersbourg (Russie), 2010
- Festival international du cinéma Tarkovski "Le Miroir", Ivanovo (Russie), 2010
- Ciné-Forum international de Saint-Pétersbourg, Saint-Pétersbourg (Russie), 2010
- Festival des Films du Monde : FFM, Montréal (Canada), 2009
- Festival international du film du Caire, Le Caire (Egypte), 2009
- Festival du cinéma russe à Honfleur, Honfleur (France), 2009
- Festival des Festivals, Saint-Pétersbourg (Russie), 2009
- Festival international du film sur les droits de l'homme "Stalker", Moscou (Russie), 2009
- Festival international du cinéma musulman, Kazan (Russie), 2009
- Festival international des films des Etats Membres de la CEI ''Premières de Moscou'', Moscou (Russie), 2009
- Festival de cinéma russe "Vyborg" (anciennement ''Une fenêtre sur l'Europe''), Vyborg (Russie), 2009
- Festival international du film de Moscou, Moscou (Russie), 2009
- Festival de cinéma et de théâtre ''Automne de l'Amour'', Blagovechtchensk (Russie), 2009

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