La campagne géorgienne au XIXe siècle. Anton a perdu subitement connaissance dans les champs. Ramené chez lui, il est mourant. Les habitants du village supérieur et ceux du village inférieur viennent soutenir la famille et passent la journée dans la cour. Apprenant que, fidèle à une croyance paysanne, la famille veut éloigner le malheur de la maison, les villageois se jettent les uns sur les autres avec des pieux. A tour de rôle, des paysans veulent prendre la situation en main : les autres se soumettent. Une vieille femme, Maia, exhorte ses voisins à ne pas céder à la méchanceté et à la vanité, et l'idiot du village sifflote la mélodie d'une chanson pour enfants. Le matin Anton apparaît sur le perron, prêt à aller au travail…
Commentaires et bibliographie
Rien ne résonne dans le film avec autant de force que ce piétinement sur place absurde accompagné d'une perte considérable d'énergie spirituelle. Se perdent dans le sable les meilleurs sentiments humains et cela ne peut rester impuni. L'énergie humaine qui n'a pas été dirigée dans une voie sensée, se disperse en quelque chose de repoussant, d'horrible, en une méchanceté profonde, en haine. Les meilleures qualités du peuple, la bonté, le sens artistique, la franche gaieté sont dans le film mises à part, grossies, présentées comme qui dirait séparément dans les personnages des héros. A partir d'une même racine, d'un même tronc se développent le grandiose et l'horrible.
Il n'y a rien de particulier, de mémorable dans les mouvements de la vieille Maia excepté sa bonté naturelle, organique. Mais son discours la distingue de la foule des villageois. Il est original, poétique, inspiré. Un stoïcisme sage, un enthousiasme poétique se dégagent de chacune de ses paroles. (...) On sent en elle la liberté intérieure, la force et le caractère entier, dont sont dépourvus les autres personnages.
(...) Dans la conscience populaire même, l'auteur ressent ce déchirement, cet écartèlement, cette division contre nature des traits organiques, derrière lesquels se trouvent des raisons sociales profondes. Il voit en cela le nœud du drame intérieur des personnages, qui ont cessé de distinguer le bien du mal, la compassion de la violence. Cela donne à la cohésion interne du film une envergure et une résonance sociales aiguës. A. R. Romanenko in Les Recherches de genre et de style dans le cinéma contemporain des Républiques de Transcaucasie (Moscou, 1982), cité par Le cinéma géorgien, Centre Georges Pompidou