A noter : Au Festival de Cannes 2014, présentation de la version restaurée financée par The Film Foundation-World Project de New York et L'immagine Ritrovata de Bologne
La copie numérique du film présentée à Cannes Classics 2014 sort le 22 avril 2015 en salle. Elle a été restaurée sous la supervision de la Cinémathèque de Bologne. Le processus de restauration a duré 3 ans pendant lesquels des archivistes et des spécialistes ont reconstitué, de manière la plus fidèle possible, à partir du négatif original, la version arménienne de Paradjanov.
Le film évoque en une fresque de douze chapitres la vie du poète arménien Sayat Nova.
Le réalisateur évoque en artiste, poète, peintre et musicien, l’itinéraire de cet artiste du XVIIIème siècle, de l'enfance à la mort. Les images sont somptueuses, : la vie du poète y est représentée en une suite de tableaux réalistes et « surréalistes » empreints d’une spiritualité admirable. Presque muet, le film est ponctué d’inter-titres noirs sur fond rouge ; des chuchotements, bribes de poèmes , prières, complaintes, parcourent l’histoire, en arménien, en géorgien, en turc azéri, mais jamais en russe.
Seule actrice professionnelle, la géorgienne Tchiaourelli incarne le double rôle de Sayat Nova jeune et de sa bien-aimée (le double visage de l’amour). Tous les autres interprètes sont des non-professionnels, même Galestian (danseur étoile de l'Opéra d'Erevan) dans le rôle de Sayat Nova moine. Diffusé en 1969 sur les écrans soviétiques, Sayat Nova fut très mal accueilli par les autorités, et retiré de l’affiche. Il reparut en 1971 dans une version écourtée, puis interdit définitivement.
La version actuelle du film a été mutilée de 20 minutes par la censure soviétique : ont été supprimées des scènes érotiques, des scènes de sacrifices d'animaux dans les églises, les scènes évoquant les relations de Sayat Nova et du Prince, celles concernant l'invasion turco-iranienne…mais aussi le tableau du sang de trois grenades éclatées en forme d’une carte de l'Arménie ancienne et unifiée.