Prix et récompenses : Named the greatest film of all time at the Brussels World's Fair, 1958.
A noter : Pour ce film, Grigori Alexandrov était assistant de Sergueï Eisenstein
Une projection privée du film avait eu lieu à Moscou le 21/12/1925
Une musique d'accompagnement a été composée par Dmitri Chostakovitch en 1976
Editeur : Potemkine. 2018. Titre : Le Cuirassé Potemkine.
Bonus de la version restaurée :
- le Blu-ray du film
- le DVD du film
- La bande-son originale réorchestré de Edmund Meisel
- Deux bandes sons modernes : Del Rey & The Sun king
- Zombie Zombie
- Le cuirassé Potemkine version sonore allemande de 1930
- L'utopie des images de la révolution russe
- Documentaire : "Sur les traces du Cuirassé Potemkine" (42') à propos de l'histoire du film et sa restauration
- Documentaire : "Naissance d'un cinéma révolutionnaire" de Luc Lagier
- Entretien avec François Albera, professeur d'histoire et esthétique du cinéma
- Survivances et antécédents du Cuirassé Potemkine
Editeur : Arcadès. 2023. Titre : Le Cuirassé Potemkine.
Le film est présenté dans une version restaurée permettant de le redécouvrir dans des conditions idoines. Accompagné de plusieurs bandes-son, il prend place dans une édition généreuse en suppléments, puisqu’elle comprend plusieurs documents de longue durée, dont un documentaire sur l’histoire du film et de sa restauration.
L’Utopie des images de la Révolution russe revient sur la naissance du nouveau cinéma soviétique. Lev Koulechov invente un atelier, devient le père d’un effet technique qui porte son nom et fait montre d’une imagination débridée. Des cinéastes tels que Vsevolod Poudovkine ou Fridrikh Markovitch Ermler lui emboîtent bientôt le pas, tandis qu’on se repaît, dans toute l’URSS, des films étrangers, et surtout hollywoodiens.
Sur les traces du Cuirassé Potemkine raconte comment, en 1926, les succès respectifs du film de Sergueï Eisenstein à Berlin et dans l’Union soviétique se sont mutuellement alimentés. Les différentes versions (1930, 1950, 2005…), les retouches et les actes de censures, ainsi que la patiente découverte des plans manquants (le film se reconstitue à partir de différentes sources) figurent en bonne place dans le document.
Synopsis
La mutinerie des marins du « Cuirassé Potemkine » est l’un des épisodes les plus célèbres de la première révolution russe, en 1905, née de la défaite de la Russie à Port-Arthur ( 2 janvier) dans la guerre contre le Japon. Le "Cuirassé Prince Potemkine" est l’un des navires, mouillés à Odessa, de l’escadre tsariste, dont certains matelots entretenaient des liens avec les ouvriers grévistes du port. Le 14 juin, les marins du "Potemkine" refusent de manger de la viande avariée que le médecin major Smirnov a déclarée consommable, et le commandant Golikov décide de faire fusiller un groupe de mutins. Mais les marins de la garde refusent d’obéir et jettent à l’eau les officiers. Dans la mêlée qui s'en suit un marin est tué. Son corps est exposé dans le port d'Odessa, la foule vient s'y recueillir et fraternise avec les marins. Une émeute populaire en faveur des marins est brutalement réprimée notamment sur l'escalier qui surplombe le port. Les canons du Potemkine tirent alors sur l’armée. Le Potemkine triomphera encore de l’escadre tsariste envoyée pour le maîtriser : sans combat, il passera sous les ovations de tous les marins de la flotte.
Le Cuirassé Potemkine considéré en 1958 comme "le meilleur film du monde" par un jury international est un film de commande qui devait commémorer le 25ème anniversaire de la révolution russe manquée de 1905. Il fut réalisé en 7 semaines de fin septembre à novembre 1925. Son impact en Union Soviétique et dans le monde fut immense. A sa sortie il fut interdit dans la plupart des pays occidentaux où il n'était montré qu'en séances privées. Il fut cependant autorisé en Allemagne après une première interdiction qui avait amené des manifestations populaires de protestation et non sans que la justice ait imposé une coupure d'environ 4 minutes.
Selon certaines sources, le succès en Union Soviétique n'est venu qu'après les critiques élogieuses internationales. Selon d'autres sources dans les trois semaines qui ont suivi sa sortie publique à Moscou 300 000 spectateurs ont vu le film.
Une nouvelle copie est sortie au festival de Berlin de février 2005 Opinions : Le Potemkine fut dans une certaine mesure une actualité reconstituée à la façon de films analogues réalisés, vingt ans plus tôt, par Alfred Collins, Zecca et Nonguet, Sergueï Eisenstein dut renoncer à y employer son montage des attractions. Mais, sous l'influence de Dziga Vertov et des théories littéraires d'avant-garde, il refusa studio, maquillage, décors et presque les acteurs. Son film eut comme héros les seules masses, les acteurs furent réduits à une figuration intelligente et les chefs révolutionnaire restèrent de simples silhouettes.
Le parti pris de la masse-héros aurait pu entraîner une certaine confusion. Mais le scénario d'Agadanova Choutko, fort clair dans son récit strictement chronologique et historique, créait deux personnages collectifs cohérents : le Cuirassé et la Ville. Le drame naissait de leur dialogue et de leur union.
Le point culminant du Potemkine est la célèbre fusillade sur les escaliers. Elle doit beaucoup au montage rigoureux et dramatique des images admirablement cadrées et photographiées par Tissé, le plus grand peut-être des opérateurs vivants. Ce morceau de bravoure est un parfait exemple du style de Sergueï Eisenstein , unissant les théories littéraires et théâtrales d'avant-garde à celles de Dziga Vertov et de Koulechov et les transformant par son génie propre. La foule est individualisée par des gros plans de visages ou des détails d'attitude et de costume, choisis avec un sens inégalable de la caractérisation (...)
Partout, hors d'U.R.S.S., la censure interdit Potemkine; partout les spectateurs se groupèrent pour l'applaudir en secret. La répression décupla la puissance explosive d'un chef-d'oeuvre que conservent jalousement les cinémathèques. Le film fut rapidement plus célèbre qu'aucun autre, ceux de Chaplin mis à part. " (George Sadoul, Histoire d'un art, le cinéma, des origines à nos jours, Flammarion, 1949)
"L'originalité du film repose d'abord sur le refus de la conception traditionnelle et littéraire du personnage au profit du "type" social et politique : ainsi l'anonymat des soldats qui tirent sur la foule et le typage des victimes (la mère à l'enfant, le cul-de-jatte, la femme au landau, etc.). Mais c'est surtout le choix privilégié du cadrage en plans de détails et en plans serrés, leur articulation en dans un montage au rythme très rapide, quasi paroxystique dans les scènes violentes (scènes de la révolte sur le cuirassé, scène de la répression sur l'escalier,) qui caractérisent à la fois la démarche radicale du cinéaste et l'impact produit sur le public (...)" (Michel Marie, Dictionnaire des films, Larousse, 1990))
"Longtemps considéré comme le meilleur film du monde et interdit par diverses censures, il frappa par son formalisme exacerbé (le montage attraction, le côté théâtral et stylisé de la fusillade sur le grand escalier) et par son souffle révolutionnaire (la foule est la véritable vedette du film) plus que pas son souci de vérité historique. Il souffre aujourd'hui, moins peut-être d'une désaffection à l'égard de la révolution russe, que de ses recherches esthétiques trop poussées qui donnent l'impression de tics d'écriture. Le génie de Sergueï Eisenstein n'en est pas moins incontestable." (Jean Tulard, Guide des films, Robert Laffont, 2002)