Oles YANTCHOUK
Олесь ЯНЧУК
Oles YANCHUK
Ukraine, 2008, 129mn 
fiction
Le Métropolite André
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Владыка Андрей

 

 Metropolitan Andrey

 Vladyka Andrey

 
Réalisation : Oles YANTCHOUK (Олесь ЯНЧУК)
Production : Studio Dovjenko
 
Site : IMDb

Synopsis
Promis à une belle carrière militaire, mais visité par la grâce dès son enfance, le jeune André se tourne vers la prêtrise. Devenu évêque, il œuvre pour la réunification des chrétiens orientaux. Parce qu’il défend des persécutés, catholiques, juifs et orthodoxes, il est surveillé par les diverses autorités d’occupation, russe, polonaise, allemande ou soviétique, et bientôt empoisonné par l’un de ses serviteurs.
 

Commentaires et bibliographie
 
Cinquième long-métrage de Olès Yantchouk, Le Métropolite André s’inscrit dans le thème favori du cinéaste, l’exploration de l’Histoire de l’Ukraine du XXème siècle. Il est aussi le premier à être consacré entièrement à l’homme d’église André Cheptytskyi, hormis le film de propagande anticlérical Ivanna, réalisé par Victor Ivtchenko (1960), où l’acteur Dmytro Stepovyj incarnait épisodiquement le vieux métropolite et où l’église uniate était la cible d’une campagne antireligieuse d’une grande envergure. Issu d’une famille de l’aristocratie ukrainienne, de longue date polonisée et latinisée, André Cheptytskyi embrassa la vie monastique et le rite oriental ancestral pour accéder au siège métropolitain de Lviv en 1900. Devenu chef suprême de l’église gréco-catholique ukrainienne, il connut pendant 44 ans les bouleversements provoqués par deux guerres mondiales, la révolution bolchevique, l’exil en Russie, la pacification polonaise, l'invasion nazie suivie de l'occupation soviétique. Sa grande idée était l'unité des orthodoxes et des catholiques de rite byzantin, concrétisée par l'érection d'un patriarcat à Kiev. Soucieux de son clergé et du bien spirituel et matériel de ses fidèles, ce prélat sut mettre en place des structures propres à une hiérarchie de langue et de tradition ukrainiennes et de droit canonique oriental. Son activité prodigieuse en Europe et ses voyages dans le Nouveau monde lui donnèrent un visage légendaire surmontant la tentation nationale et identitaire pour répondre à une foi droite et universelle. Le film de Olès Yantchouk ne prétend pas parcourir toute la vie et l’œuvre du métropolite qui fut considéré par le pouvoir soviétique comme ennemi de la nation ukrainienne. Le réalisateur y exploite la rumeur de l’empoisonnement du prélat par les services spéciaux soviétiques, rumeur qui ne fut jamais confirmée, ni par les historiens, ni par l’Eglise uniate elle-même, mais amalgamée avec celle de l’évêque Youriï Romja, évêque de Moukatchevo, empoisonné au curare, en 1947, sur son lit d’hôpital. Le film fut mis en chantier à la sortie de la Révolution orange, aussi l’on devine très vite l’intention du réalisateur de tracer un parallèle entre la tentative d’empoisonnement du président Victor Youchtchenko et l’empoisonnement supposé du métropolite. Soutenu par la caméra très hiératique de Vitaliï Zymovets, l’acteur Serhiï Romaniouk incarne avec brio le rôle-titre dans ce film un peu trop sacralisé et où le personnage de Joseph Slipyi, successeur du métropolite, reste complètement effacé, comme si le réalisateur voulait éviter de dévoiler le sujet de son prochain film.
Lubomir Hosejko

Images et vidéos