Aleksandr ROGOJKINE
Александр РОГОЖКИН
Aleksandr ROGOZHKIN
URSS, 1989, 103mn 
fiction
La Garde
▪ ▪ ▪ ▪ ▪ ▪ ▪

Караул

 

 The Guard

 Karaul

 
Réalisation : Aleksandr ROGOJKINE (Александр РОГОЖКИН)
Scénario : Ivan LOCHTCHILINE (Иван ЛОЩИЛИН)
 
Interprétation
Valeri KRAVTCHENKO (Валерий КРАВЧЕНКО)
 
Images : Valeri MARTYNOV (Валерий МАРТЫНОВ)
Décors : Aleksandr ZAGOSKINE (Александр ЗАГОСКИН)
Ingénieur du son : Nikolaï ASTAKHOV (Николай АСТАХОВ)
Montage : Tamara DENISSOVA (Тамара ДЕНИСОВА)
Production : Lenfilm, Ladoga
 

Prix et récompenses :
Prix spécial Festival international du film de Berlin : Berlinale, Berlin (Allemagne), 1990
Prix A. Bauer au Festival de Berlin, 1990
Prix au Festival de Quimper,90
Prix au Festival de Strasbourg,90
Prix au Festival Stalker,95

Synopsis
Film sur le bizutage dans l’armée, inspiré d’une affaire criminelle réelle. En 1973, un jeune soldat en service dans un train de transfert de prisonniers a fusillé tous les membres de la garde.
 

Commentaires et bibliographie
 
La Garde, film du réalisateur Aleksandr Rogojkine de Lénigrad est sorti en 1989 et a été présenté, à plusieurs festivals étrangers, et notamment à celui de Berlin-90, comme un représentant de qualité du cinéma de l’époque de la perestroika et de la glasnost.
Le scénario de Ivan Lochtchine a attendu pendant 10 ans dans les couloirs de la censure. Il relate les événements de 1973. Et pourtant l’affaire Sakalaousk n’était pas la première du genre, mais elle fut la première révélée. Ainsi est né La Garde. Chaque semaine des trains, véritables prisons sur rails, sous haute surveillance sillonnent le pays. Certes le pays est grand et les condamnés sont des millions. La vie quotidienne dans ces trains spéciaux est décrite avec la précision d’un documentaire. Même si rien d’exceptionnel n’était arrivé, ce que montre le film de ces prisons roulantes serait déjà effroyable et d’autant plus qu’on a l’impression d’y être présent. La caméra de Valeri Martynov se situe constamment à mi-hauteur et scrute impassiblement tout ce qui se passe. Les images en noir et blanc viennent exprimer le débordement du blanc-sale, de la grisaille, de la fumée, du noir-asphalte. L’œil en est fatigué, comme asservi. L’espace étroit, derrière les barreaux est sans échappatoire.
Chaque wagon vu par la camera est plein de personnages vêtus de l’uniforme noir des prisonniers, vus de dos et sans visages. En revanche on peut voir à loisir les soldats et officiers de la garde. Pour eux sont prévus des pauses, quand le train roule et que tout est calme.
Dans un compartiment spécial un fonctionnaire est de service. Il ne fait son apparition dans le wagon qu’en cas de problème grave. Il faut surtout ne pas se mêler des relations entre ses subordonnés, ne rien voir, ne rien entendre. Il respecte littéralement cette consigne : la porte de son compartiment est toujours fermée et il a constamment des écouteurs aux oreilles. Triste figure du mélomane amateur de musique classique populaire en uniforme militaire (joué par l’acteur Alekseï Bouldakov). Tous les autres ne se distinguent que par leur grade et leur ancienneté. La loi du bizutage s’applique ici dans toute sa rigueur.
Parmi les soldats nouvellement recrus se détache l’un d’eux : atypique, à l’allure non sportive ; son nom est Iveren (« copeau » en lituanien). Le rôle est joué par un acteur non professionnel – Sergueï Kouprianov – qui est compositeur, poète, auteur de chansons, directeur de l’ensemble « Iveren ». Ce n’est pas un rôle qu’il joue, mais une épreuve qu’il vit : stoïcisme psychologique, résistance physique, disponibilité à la tragédie.
La Garde est le troisième film important d’Aleksandr Rogojkine qui a terminé ses études au VGIK (Institut national de la cinématographie) dans la chaire de A. Guerassimov. Il est rapidement devenu un maître du cinéma et un artiste de large envergure.
Irina Grachtchenkova. Encyclopédie du cinéma "Kirill i Mefodi".

Sélections dans les festivals ou événements :
- Films russes ou soviétiques primés à Berlin, Cannes ou Venise, kinoglaz.fr (France), 2023
- Festival international du film de Moscou, Moscou (Russie), 2007
- Festival international du film de Berlin : Berlinale, Berlin (Allemagne), 1990