Inspiré de nouvelles autobiographiques du grand auteur russe Mikhail Bulgakov, le film consiste en des chapitres de la vie d'un jeune médecin, le Docteur Polyakov, morphinomane qui finira par périr de son addiction en se donnant la mort dans une salle de cinéma. Nous sommes en 1917 et Polyakov débarque de Moscou dans un hôpital de province au milieu de nulle part. C'est l'hiver, les moyens sont dérisoires et les patients nombreux. Polyakov est un bon médecin mais son addiction l'habite. Progressivement c'est la descente aux enfers, enfer dans lequel il entraîne une infirmière dont il tombe amoureux et qui devient complice de ses vols répétés de morphine de la pharmacie de l'hôpital. (http://www.jetsetmagazine.net/culture/revue,presse/festival-international-du-film-de-rotterdam-le-7eme-art-russe--un-retour-au-premier-plan.21.7250.html)
La déchéance du médecin est mise en parallèle avec l'accélération de l'histoire de la Russie en cette année 1917, la mort du médecin coïncidant avec la victoire des révolutionnaires. Un film sombre où à l'instar d'Andrey Khrzhanovsky, Alexander Balabanov, l'Histoire n'est abordée que de biais. Un film où il faut aussi lire selon son réalisateur l'actualité des russes d'aujourd'hui ceux des provinces éloignées minés par l'alcoolisme, la drogue, la violence, la malnutrition et pour qui rien ou presque n'a changé depuis la révolution. Un film sombre bien mené en dépit d'un scénario qui manque parfois de liant, " Morphia " est par moments très cru à la limite du supportable, avec ces jambes qu'on sectionne, ces femmes éventrées, les visages brûlés, l'amour est mis en ellipse au profit de préliminaires pervers significatifs de l'incapacité d'aimer du jeune docteur totalement sous l'empire de son addiction. Le tour de force du film réside dans sa faculté à désamorcer par le rire la cruauté et la violence qui le caractérisent à travers une réplique, un mouvement, une expression parfois dans le même plan où ce qui se passe devant nos yeux est atroce. Cette démarche réussit à installer le film dans une atmosphère indécidable et maintient le spectateur à une juste distance par rapport aux images; La distance nécessaire à la réflexion.