à propos du fossé entre les grandes villes et la province :
Les changements qui ont eu lieu à Moscou depuis la Pérestroïka –l’apparition des bars chics, la vie mondaine – tout cela ne concerne pas les habitants de la province, qui vivent aujourd’hui pratiquement comme ils vivaient avant cette période. Ils gagnent peu d’argent, ils économisent sur tout. Amener les enfants à l’école, aller au travail, aller chercher les enfants après l’école et enfin avoir le temps de passer au supermarché, voilà leurs principales préoccupations. Mon film est sur ces gens‐là.
à propos des évolutions politiques récentes en Russie :
J’ai commencé à me mettre plus sérieusement en colère, c’est sûr ! En tant que citoyenne, beaucoup ces changements me déplaisent. Dans notre pays sont apparus de nombreux phénomènes sur lesquels personne ne prend la peine de s’attarder au cinéma. Un exemple ? Nous n’abordons jamais la guerre en Tchétchénie. Pas en tant que problème national en tous les cas. En revanche ce n’est pas le cas des « soap‐opera » qui sont largement présentés. D’ailleurs, je ne sais pas qui est responsable de « l’interdiction » de ces thèmes, de l’Etat ou des cinéastes.
à propos de la distribution des films nationaux :
Notre marché de distribution connaît une très grande faille : aucun film n’est accepté par les exploitants des salles de cinéma s’il est placé dans la catégorie « drame » ; je parle là des films russes. Les distributeurs essaient d’encourager nos cinéastes à réaliser des films pour des jeunes de 13‐15 ans. Tout le reste passe à côté de l’écran. D’accord, ce sont surtout les jeunes qui vont au cinéma. Mais l’expérience m'a convaincue qu’ils ne sont pas « arriérés ». Je visionne souvent mes films avec des spectateurs, et j’écoute leurs réactions. Les jeunes accueillent mes films avec enthousiasme, ils les comprennent, sont émus, et puis après la séance ils disent qu’ils aiment quand un film parle des « gens de la vraie vie ».
à propos des relations entre le cinéma et la télévision :
Je ne sais pas si vous avez remarqué que n’importe quel film un tant soit peu intéressant est toujours passé à la télévision. Je ne juge pas de la qualité de ces productions. Heureusement que mon mari qui est producteur m’a donné la possibilité de tourner mon film sur une pellicule, sans que je doive tenir compte des exigences du marché. à propos des perspectives du cinéma russe :
Une étrange génération grandit en Russie. Je regarde mon fils qui a maintenant 21 ans. Il n’a pas connu l’époque de Brejnev, des Pionniers, du système de surveillance d’Etat. Mais en même temps, cette nouvelle génération n’a plus de repères.
D’après l’entretien publié dans le journal quotidien « Coul’toura », version russe disponible en
ligne sur :
http://new.kulturaportal.ru/tree_new/cultpaper/article.jsp?number=357&rubric_id=208&crubri
c_id=100443&pub_id=206737
Source : Regards de Russie : www.cinema-russe-paris.com