Le nouveau film de Sigarev raconte trois histoires parallèles. Les héros de chacune d’entre elles ont perdu un être proche et atteignent cette limite où la vie, au sens d’une existence ordinaire et responsable, devient impossible. Et ils franchissent cette limite.
Les héros principaux sont : une jeune femme (Iana Troianova), une femme d’âge mur (Olga Lapchina) et un petit garçon. Tous trois sont victimes des circonstances qui ont provoqué la disparition de leurs proches les plus chers. En fait la seule victime innocente est cet enfant orphelin, le fils d’un père qui s’est suicidé. Les deux dames sont, d’une façon indirecte, responsables de la tragédie de leur vie. Mais il est peu probable qu’elles soient capables d’en prendre conscience. Le monde de l’intellect leur est étranger. Par contre le monde des émotions de ces femmes simplettes est si puissant qu’il peut engendrer une nouvelle réalité parallèle à la nôtre.
Vassili Sigarev raconte ainsi comment est née l'idée du film : "Les premiers flashs ont surgi quand j'avais douze ans: sur le chemin de l'école je suis tombé sur la scène suivante : près d'une maison recouverte de marbre était massée une foule noire. Je me dirigeais vers elle, personne ne bougeait. Je suis monté au premier étage, suis entré dans l'appartement où tous les miroirs étaient recouverts de nappes et de couvertures et je suis devenu un autre.
Je ne veux pas que vous sachiez ce que j'ai vu là-bas... Vous le verrez dans notre film. Mais je veux que vous entendiez les questions que je me suis posées alors. Les voici : que se passe-t-il pour l'homme qui est resté? Comment traverser cela? Et surtout pourquoi?
Je n'ai toujours pas trouvé de réponses à ces questions, mais j'ai trouvé la réponse à une autre question qui serait celle-ci : quelle que soit la manière cynique et inhumaine dont la vie essaie de nous faire nous détester, nous avons une seule chose à faire : vivre. C'est difficile, parfois invraisemblable et même impossible mais c'est indispensable. Car la vie ce n'est pas "une forme d'existence d'un ensemble de protéines". C'est "mon âme à travers le feu et la fumée..."