Au printemps 1918, le prolétariat de Bakou vit des jours difficiles. La ville est coupée du reste de l'Union soviétique. La faim fait son apparition. Les traîtres mencheviques proposent d'accepter l'aide anglaise. Les communistes de Bakou dénoncent leurs desseins criminels. Mais les forces contre-révolutionnaires l'emportent et les vingt-six commissaires de Bakou sont arrêtés, déportés et fusillés.
Après les victoires remportées par le pouvoir soviétique sur tout le territoire du pays, les révolutionnaires de Bakou renversent le pouvoir. Bakou devient soviétique.
« Ce film ne fait pas partie de ceux qui peuvent plaire ou ne pas plaire : il est au-dessus de ça », dira le critique et écrivain Chklovski à sa sortie, en février 1933.
"Le film, Les 26 commissaires, porte la marque de l'influence de deux théories erronées qui eurent une grande diffusion à la fin des années 20 : les théories du « cinéma intellectuel » et du « scénario émotionnel», et cela mena la réalisateur géorgien de talent, Chengelaïa, à un échec idéologique. Le film était consacré à l'une des pages les plus tragiques de l'histoire de L'Azerbaïdjan soviétique — la lutte pour la sauvegarde de l'autorité soviétique sur Bakou, entouré par les armées anglaises et turco-allemandes, en 1918. Au lieu de concentrer l'intérêt sur la présentation du prolétariat de Bakou, militant passionné pour la révolution, les auteurs des 26 commissaires se sont laissés entraîner par un autre problème. Ils ont pris comme idée centrale du film une pensée politique abstraite sur la « responsabilité morale » de la classe ouvrière de Baku dans la mort de ses chefs. Toute la construction du film était fondée sur cette idée imaginée et sans fondement artistique. Le personnage essentiel était le « héros-masse » — le prolétariat de Bakou représenté soit par des symboles anonymes et des allégories — « l'ouvrier moyen », « l'artisan azerbaïdjanais », « l'ouvrier famélique », « la femme de l'ouvrier », etc. soit par « les foules des collectifs», « les masses pensantes » — et le Conseil de Baku des députés des ouvriers... La critique favorable au film (les partisans de la méthode du « cinéma intellectuel ») soulignait avec force la forme expressive du film, surtout dans la magnifique façon de traiter l'exécution des commissaires, les puissants torrents de pétrole parfaitement photographiés, présentés comme les symboles de la richesse populaire de l'Azerbaïdjan, les différents portraits réussis des députés du Conseil de Baku.
Cette appréciation de la forme du film était en grande partie juste. À la suite des partisans du « montage pictural au cinéma », l'auteur s'était efforcé, avec les procédés techniques de la prise de vues, de compenser l'absence de dramatisme profond et le caractère primitif de l'incarnation des personnages. Mais un bon travail d'opérateur, n'était pas en mesure de recouvrir, et ne recouvrait pas, l'erreur dans la conception idéologique, ni le relâchement du sujet, ni le manque de personnalité des personnages.
Comme il fallait s'y attendre, le film ne fut pas bien accueilli par les spectateurs. Les journalistes essayaient de consoler Chengelaïa en disant que les réalisations « novatrices » ne pouvaient pas être comprises par la masse. Le film « n'est pas de ceux qui plaisent et gui plairont — il est bien plus haut que cela », disait par plaisir Chklovski. Mais cette explication ne faisait pas plaisir à Chengelaïa. Après avoir surmonté l'amertume de la défaite, après une forte résistance intérieure, il comprit les défauts de la méthode employée dans les Les 26 commissaires et dans ses œuvres ultérieures il s'efforça de renforcer le côté réaliste de sa création.
N.A. Lebedev. Essais sur l'art cinématographique soviétique, cité dans Le cinéma russe et soviétique, Centre Pompidou, 1981