Prix et récompenses :
Artiste du peuple de l’Union Soviétique, 1986
Décoré de l’ordre du mérite de la Patrie, 1996
Lauréat du « Bélier d’or »,1995
Prix Nika pour sa contribution au cinéma, 2005
Auteur de films cultes dans les années 1960 et père de la Nouvelle Vague soviétique.
Marlen Khoutsiev est né en 1925 en Géorgie soviétique d'un père bolchevik plus tard tué lors des purges staliniennes et d'une mère actrice de famille noble. Marlen (acronyme de Marx et Lénine) a signé une douzaine de films qui formeront le socle de la Nouvelle Vague soviétique pendant le dégel politique ayant suivi la mort de Staline en 1953.
Diplômé de la faculté de mise en scène du VGIK (Institut national du cinéma) en 1952, il réalise quatre ans plus tard son premier film Le Printemps dans la rue Zaretchnaïa. En 1962, son film La Porte d'Ilytch est violemment critiqué par Krouchtchev personnellement. Le film, remanié, sortira deux ans plus tard sous le titre J'ai vingt ans. En 1987, la Commission des conflits permet à Khoutsiev de restaurer sa "version d'auteur". Depuis 1978, il dirige un atelier de mise en scène au VGIK .
Les reproches que Khrouchtchev a faits à La Porte d’Ilytch, il aurait, heureusement, pu les faire pour l’essentiel à J’ai vingt ans (mais il avait été limogé entre temps) et aux films postérieurs de Marlen Khoutsiev : c’était l’absence de héros positifs portés par l’idéal socialiste et l’espoir de lendemains meilleurs. Les personnages sont des gens « ordinaires » qui s’interrogent sur eux mêmes sur le sens de leur vie. Ces interrogations nous touchent par ce qu’elles ont d’universel, tout en étant bien ancrées dans une société qu’inquiètent à la fois le passé et l’avenir.
Le festival de La Rochelle de juin-juillet 2003 a fait, en la présence du réalisateur, une rétrospective des films de Marlen Khoutsiev. A la question posée par un spectateur : « Pourquoi n’avez-vous plus fait de films depuis 1991 ? », il a répondu : « Quand la péréstroïka a commencé je tournais mon dernier film, Infinitas. Nous en étions au montage quand il y a eu des changements économiques, et nous avons été obligés d’arrêter parce qu’il n’y avait pas de financement. Ça a duré assez longtemps. Et quand j’ai tout de même réussi à terminer le film, je me suis rendu compte qu’autour de moi, on faisait un tout autre cinéma. On faisait des films pour le spectacle, des films de gangsters, des thèmes au bord de la pornographie. Je ne sais pas faire cela, et j’en n’ai pas envie. (...) Je me suis réfugié dans l’éducation – j’enseigne à l’Institut du cinéma depuis très longtemps- jusqu’à ce qu’un nouveau ministre se souvienne de moi un jour et me promette de financer le film que je voudrais faire. J’avais un projet, filmer la rencontre entre Tolstoï et Tchékhov ; le ministre a tenu sa promesse. Le problème est que, même si le ministre décide, ensuite il faut parcourir tous les détours des bureaux des fonctionnaires pour mettre ça en oeuvre. L’argent que le ministre m’avait promis n’a pas été versé ; on m’en a donné beaucoup moins, et on l’a donné très lentement. Et l’on est encore dans l’incertitude, quant à ce qu’ils vont donner vraiment. » (propos enregistrés lors de la conférence de presse donnée par Marlen Khoutsiev au festival de La Rochelle le 4 juillet 2003 et publiés dans le numéro de novembre 2003 de « Jeune Cinéma »)
Décédé le 19 mars 2019 à Moscou à 93 ans.