L'Ascension : Prix du meilleur film et prix de l'Union des cinéastes au Festival l’Union soviétique, 1977
Chaleur torride : Prix de la meilleure réalisation au Festival national de l'URSS, 1964
Biographie
Larissa Chepitko est née le 6 janvier 1938 à Artemovsk en Ukraine et est décédée dans un accident de voiture le 2 juin 1979 à l’âge de quarante et un ans.
En 1963, elle sort diplômée du VGIK (Institut national de la cinématographie) où elle avait étudié dans les classes de Dovjenko et Tchiaoureli.
Son premier film, Chaleur torride, inspiré d’un roman du célèbre écrivain kirghise, Tchinguiz Aïtmatov (auteur de Le Premier maître), raconte l’incompréhension et la dureté qui imprègnent et gâchent les relations entre un adolescent et les adultes qu’il côtoie. Le second film (Les Ailes) traite aussi de difficultés d’adaptation cette fois d’une ancienne pilote devenue directrice d’école face à des adolescents qu’elle ne comprend pas.
Le troisième film, un moyen métrage La Patrie de l’électricité inspiré d’un texte de Platonov était une partie d’un projet coréalisé avec Andreï Smirnov et Guenrikh Gabaï et qui, suite à la censure, ne sortira que 20 ans plus tard sous le titre Le Début d’un siècle nouveau. Le thème de l’adaptation à une vie nouvelle ou plus précisément de recherche de nouvelles raisons de vivre sera repris dans le film Toi et moi. Comme dans les films précédents la mise en scène sert parfaitement les propos, les images sont fortes et évocatrices.
Larissa Chepitko recevra une consécration internationale avec le film L’Ascension qui évoque l’héroisme du peuple russe pendant la guerre. Le film reçut l’Ours de Berlin. Peut avant sa mort Larissa Chepitko avait commencé Adieu à Matiora un film magnifique qui sera terminé par son mari, le cinéaste Elem Klimov. Le film raconte la disparition d’un village suite au détournement d’une rivière.
Voilà une auteure fauchée par la mort en pleine possession de ses moyens. Un accident de la route à 41 ans met fin à une œuvre plus que prometteuse. Elle n’a eu le temps de tourner que quatre films. Cela suffit pour la classer parmi les grandes ou les grands. On la considérait comme une metteure en scène à poigne masculine. Ce faux compliment l’horripilait, à l’instar de Kira Mouratova qui refusait cette distinction entre réalisatrice
et réalisateur.
C’est l’enfant d’un siècle rude et d’un pays terrible. Née en 1938 à Artiomovsk (rebaptisé depuis 2016 Bakhmout), elle grandit à Kiev et Lvov. En 1955, elle entre au prestigieux institut de cinéma, le
VGIK, dans le cours dirigé par Alexandre Dovjenko. Mais il décède en novembre 1956, la veille du tournage du Poème de la mer à la gloire du barrage de Kakhovka en Ukraine – film repris et tourné
par son épouse Youlia Solntseva. Le cours est assuré par Mikhaïl Tchiaoureli, fameux à double titre. C’est l’archétype du réalisateur stalinien non dépourvu de talent et le père de l’actrice Sofiko Tchiaoureli (Sayat Nova de Paradjanov). Larissa a pour camarades de classe Otar Iosseliani et Guéorgui Chenguélaïa. En 1963 sort son film de diplôme Chaleur Torride que, suivant le principe soviétique de dispatcher les talents, elle a tourné en Kirghizie. Puis ce sont Les Ailes. En 1967, Mosfilm lui demande, pour le 50e anniversaire de la Révolution, un court-métrage pour Le Début d’un siècle inconnu. Les deux autres réalisateurs sollicités sont Andreï Smirnov et Henrich Gabay. C’est La Patrie de l’électricité. Mais l’ensemble déplaît en haut lieu. Il est mis au placard jusqu’en 1987. Un film mineur, Toi et Moi (1971), lui permet de souffler. L’Ascension manque aussi de rester inédit. On lui reproche ses accents mystico-religieux. Il faut l’intervention personnelle de Piotr Macherov, premier secrétaire du Parti communiste de Biélorussie, pour qu’il sorte normalement. Même dans la pire bureaucratie, il y a des apparatchiks intelligents et sensibles. Françoise Navailh