Réalisateur,
Scénariste,
Acteur,
Producteur
Né en 1938, URSS
Décédé en 2013
Alekseï GUERMAN
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Алексей Юрьевич ГЕРМАН
Aleksey GERMAN
Extrait de la filmographie
Réalisateur
1984 -
Mon ami Ivan Lapchine
(Мой друг Иван Лапшин) [fiction, 101 mn]
1976 -
Vingt jours sans guerre
(Двадцать дней без войны) [fiction, 101 mn]
1971 -
La Vérification
(Проверка на дорогах) [fiction, 97 mn]
Scénariste
Acteur
Producteur
Prix et récompenses :
Artiste émérite de la République de Russie (1988)
Vingt jours sans guerre :
Prix de la critique au Festival de Rotterdam, 1987
Biographie
La biographie, ci-dessous, est celle du Dictionnaire mondial du CINÉMA, page 449, des éditions Larousse que nous remercions de nous avoir autorisés à reproduire cette biographie.
Cinéaste soviétique, puis russe (Leningrad [auj. Saint-Pétersbourg] 1938). Fils du célèbre écrivain soviétique Iouri Guerman qui le détourna des études d'anatomie qu'il souhaitait faire, Alexeï Guerman sort diplômé (1960) de l'Institut de théâtre Ostrovski de Leningrad et se lance dans la mise en scène au Grand Théâtre dramatique Gorki (connu par son sigle BDT ; 1961-1964), invité par le grand metteur en scène Gueorgui Tovstonogov qui joua un rôle capital dans l'analyse de la mise en scène du jeune Guerman.
Il entre au studio Lenfilm en 1964, devient assistant-metteur en scène puis coréalise (avec Grigori Aronov) le Septième Compagnon (Sed'moj sputnik, 1967). Son premier film. Opération « Bonne année », tourné en 1971 d'après la nouvelle éponyme de son père scénarisée par E. Volodarski, ne sort sur les écrans qu'à la faveur de la perestroïka (1985) sous le titre la Vérification (Proverka na dorogah). Censuré pour cause d'esthétique non conforme (gros plans sur des acteurs regardant exprès la caméra) et d'offense aux canons idéologiques en vigueur (la volonté de survie de la part de soldats faits prisonniers par les Allemands est alors considérée comme de la lâcheté, voire de la trahison), ce film annonce l'art cinématographique de Guerman, qu'il reproduira au long de ses œuvres — méticulosité poussée à l'extrême dans la reconstitution historique du milieu, crudité des descriptions, arrière-plans d'une importance capitale —, certaines scènes de ses films étant même utilisées comme « documentaires » par la télévision. Située durant l'hiver 1942, l'action oppose un commissaire politique et un responsable militaire (joué par Rolan Bykov) soviétiques et dénonce, notamment, l'impréparation de l'Armée rouge à la guerre imputée à Staline.
Malgré cette interdiction, il s'attelle à son film suivant, Vingt jours sans guerre(Dvadcat’ dnej bez vojny, 1976), avec I. Nikouline et L. Gourtchenko, d'après un livre de Konstantin Simonov (dont on entend la voix off en ouverture), qui conte l'histoire d'un journaliste quittant à l'occasion d'une permission le front pour rejoindre Tachkent autour du Nouvel An 1943 où il vit une brève histoire d'amour dans cette ville loin des combats où la guerre est pourtant si présente. Le film est présenté à la Semaine de la critique à Cannes (1977), faisant connaître ce « nouveau » metteur en scène qui n'a pas le droit de venir y défendre son œuvre. Le film sort en URSS grâce à l'intervention de Simonov lui-même qui contrecarre les exigences de la censure.
Son film suivant, Mon ami Ivan Lapchine (Moj drug lvan Lap'šin, 1984), est le point culminant de son œuvre et sort en pleine perestroïka. Cette adaptation, une fois encore par E. Volodarski, d'un livre de son père met en scène un homme qui, en voix off, relate la chasse à l'homme que son père et le policier Lapchine avaient menée en 1935 pour trouver (et tuer) un dangereux bandit. Avec un travail exceptionnel sur l'image (de Valeri Fedossov, qui avait déjà assuré celle de Vingt Jours sans guerre) et sur le son, Guerman revient sur un thème qui lui est cher : à quel point la mémoire est-elle fidèle à la réalité ? Ce film, en compétition à Locarno en 1986, remporte un certain succès en Russie (1,3 million de spectateurs) et assoit définitivement la réputation de l'auteur à l'étranger.
Dès 1989, il entame la production de Khroustaliov, ma voiture ! (Hrustalëv, mašinu !), changeant plusieurs fois de coproducteur français, et le termine juste à temps pour le présenter en compétition à Cannes en 1998. Cette œuvre hors norme relate, sur un scénario dont il est le coauteur, la descente aux enfers d'un médecin-général membre de la nomenklatura appelé par Beria au chevet de Staline mourant. Le chef du KGB, à la mort du leader (le titre du film reprend, selon la légende, les premières paroles prononcées après le décès du tyran par Beria hélant son chauffeur sur le perron de la datcha), expédie en camp le médecin-général, cependant que sa famille est expulsée de chez elle et ostracisée. Accueilli froidement à Cannes, le film est ensuite porté aux nues par la critique cinématographique.
Dès la fin des années 1990, Guerman revient sur un scénario adapté d'il est difficile d'être un dieu d'Arkadi et Boris Strougatski (déjà portéà l'écran en 1989 par Peter Fleischmann sous le titre françaisUn dieu rebelle), qu'il avait dû abandonner à l'été 1968, le reprend et tourne Chronique du carnage d'Arkanar (Hronika arkanarskoj rezni) : sur une planète moyenâgeuse, un tyran impose sa dictature ; un émissaire, intellectuel et bien-pensant, arrive de la Terre pour tenter d'instiller tolérance et humanisme. Bien que le montage des images soit terminé depuis 2008, le perfectionnisme de l'auteur dans le choix des voix pour la postsynchronisation des personnages interprétés par des non-professionnels ne permet pas au film d'être terminé en 2010.
En butte constante à la censure soviétique, Alexeï Guerman doit en partie sa survie à ses talents de scénariste qu'il a mis aux services d'autres metteurs en scène durant ses années d'inaction forcée. Coécrivant avec sa femme Svetlana Karmalita (même si elle seule est souvent créditée au générique), Guerman est à l'origine, notamment, du succès (11,5 millions de spectateurs) des Avions torpilleurs de Semion Aranovitch (1983), d'après des récits de louri Guerman, et de laMort d'Otrar d'Ardak Amirkoulov(1991). En 1988, ils ouvrent, au sein de Lenfilm, un cours qui devient, en 1990, le « Studio du premier film et du film expérimental » par lequel sont passés V. Kanevski, I. Alimpiev, E. Ioufit, O. Kovalov, A. Balabanov, L. Bobrova, S. Ovtcharov, I. Evteeva...
Leur fils, Alexeï Guerman Jr., né en 1976 à Moscou, est également cinéaste et scénariste. Après des études de théâtre, il suit les cours de mise en scène du VGIK (classe de S. Soloviev et V. Roubintchik) dont il sort diplômé en 2001. II tourne un premier film très remarqué, le Dernier Train[Poslednij poezd, primé à Venise en 2003], dans lequel deux Allemands sont perdus sur le front russe en 1944, puis Garpastum (id., 2005) du nom du jeu antique ancêtre du football, les protagonistes rêvant de construire un stade alors que la Première Guerre mondiale fait rage. II remporte le lion d'argent à Venise en 2008 pour le Soldat de papier (Bumažnyj soldat), qui conte les drames que vit un médecin préparant le vol du premier cosmonaute dans l'espace, puis signe, en 2009, l'une (Kim [id.]) des cinq nouvelles composant Court-circuit (Korotkoe zamykanie ; coréal. P. Bouslov, B. Khlebnikov, K. Serebrennikov, I. Vyrypaev).
Commentaires et bibliographie
Désormais universellement reconnu, le réalisaeur
a fait l’objet d’études en russe et en anglais, mais il
n’avait pas eu l’heur d’intéresser la critique française en dehors de recensions courantes.
Première monographie française sur Guerman, l’ouvrage de Philippe Coutarel est le résultat d’un travail de
longue haleine, avec des analyses approfondies des œuvres de Guerman, de leur genèse et de leur
réception critique.
Source 1
Source 2