Histoire du célèbre peintre Oscar Rabine sur fond de trois décennies d'histoire soviétique. Le film raconte la tentative réussie d'opposition au régime à l'aide de couleurs et de pinceaux. C'est l'histoire d'une résistance non violente au mal, des limites du compromis, de comment les gens essayaient de garder leur liberté intérieure dans un pays pas vraiment libre.
Commentaires et bibliographie
Ce film est la deuxième partie d'une dilogie intitulée "De la baraque à Paris".
La maison d'Oscar Rabine, située non loin de la gare de banlieue de Lianozovo, fut à partir de la fin des années 50 un centre de la vie artistique. Il réunissait des peintres et des poètes que les spécialistes de l'art soviétique appellent avant-garde, underground et non-conformistes. Toutes ces définitions conviennent aux oeuvres mais aussi au mode de vie. Cette maison, cette baraque, vécut l'underground à ses risques et péril. La quête de liberté et la recherche d'un nouveau langage dans le pays du "réalisme socialiste triomphant" ne fut pas sans danger et conduisit souvent à des issues tragiques. Dans le meilleur des cas, comme cela arriva à nos héros, il y eut l'émigration forcée après la fameuse "exposition au bulldozer".
Notons que ce documentaire, réalisé l'année du 90ième anniversaire d'Oscar Rabine, est une sorte de biopic classique par la forme mais il correspond par le contenu aux pensées exprimées par ses tableaux. C'est une histoire de liberté, d'amour et de dignité humaine. En dehors d'Osacr Rabine lui-même, nous retrouvons des écrivains - Vladimir Sorokine, Ludmilla Oulitskaïa, Boris Akounine, le violoniste Evgueni Kissine, la critique de cinéma Maïa Tourovskaïa, des peintres - Eric Boulatov, Vitali Komar, Oleg Tselkov, le linguiste Viatcheslav Ivanov, le professeur Vladimir Paperny (1), le peintre et sculpteur Mikhaïl Chemiakine, l'écrivain et poète Igor Guberman, le dissident polonais Adam Michnik et même l'universitaire anglais Donald Rayfield.
Alexandre Smolianski envisage dès 2008 de consacrer un grand documentaire au couple de peintres Oscar Rabine (1928-2018) et Valentina Kropivnitskaïa (1928-2008). Pendant les années suivantes, il étudie leurs oeuvres, écrit le scénario et effectue de nombreux entretiens. Puis il invite Evgueni Tsymbal, réalisateur bien connu, à participer à ce projet. En 2015, ils tournent ensemble le premier volet "A la recherche du paradis perdu" (52') dédié à Valentina Kropivnitskaïa. Ils se lancent ensuite dans la réalisation de la deuxième partir "Oscar".
(1) Auteur de l'ouvrage de référence sur l'avant-garde des années 20 "Culture Two : Architecture in the age of Stalin" (1985).