Maksim BESPALY
Максим БЕСПАЛЫЙ
Maksim BESPALY
Anton BOÏKO
Антон БОЙКО
Anton BOYKO
Zinaïda LONGORTOVA
Зинаида ЛОНГОРТОВА
Zinaida LONGORTOVA
Russie, 2019, 97mn 
fiction
Khon Youch. La route depuis l'Ob
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Хон Юш. Путь от Оби

 

 Khon Yush. The way from the Ob

 Khon Yush. Put ot Obi

 
Réalisation : Maksim BESPALY (Максим БЕСПАЛЫЙ ), Anton BOÏKO (Антон БОЙКО), Zinaïda LONGORTOVA (Зинаида ЛОНГОРТОВА)
Scénario : Zinaïda LONGORTOVA (Зинаида ЛОНГОРТОВА)
Images : Roustam KHALIKOV (Рустам ХАЛИКОВ)
Produit par : Anton BOÏKO (Антон БОЙКО)
 

Synopsis
Le film parle de la contribution des autochtones de la péninsule de Yamal dans la victoire de la Grande Guerre Patriotique (deuxième guerre mondiale), des épreuves qu'ils ont traversées avec tout le pays. L'action se passe pendant les années de guerre dans la région autonome des Nénètses de la péninsule de Yamal et est basée sur des faits réels. La famille des Khartaganov dans les années 30 et 40 du siècle dernier a élevé sept enfants d'âge divers et de nationalités différentes qui n'avaient plus de parents.
 

Commentaires et bibliographie
 
'Khon Youch. La Route depuis l'Ob' est une des nombreuses histoires liées à la Seconde Guerre mondiale. Les événements relatés se déroulent de 1937 et jusqu'après la guerre, dans le petit village de Khanty-Pitlyar (appartenant au District autonome des Nénetses de Yamal). Levnè a eu douze enfants, elle est l'arrière grand-mère de la réalisatrice (par son père). Ils étaient tous déjà adultes, lorsque pendant la guerre, malgré les difficultés et les privations, Levnè éleva en plus ses petits enfants et ses neveux, dont une petite fille tatare et un petit garçon russe.
-"Quand je suis arrivée sur le tournage, j'ai invité les habitants à participer", se souvient Zinaïda Longortova. "Notre équipe de tournage venait juste d'arriver sur le bord du fleuve, quand les anciens du village se sont précipités pour nous dire, que grand-mère Levnè avait élevé un petit garçon russe qu'on avait emmené à Moscou. et elle avait aussi élevé une petite Tatare. Il fallait absolument en parler. Tous ces détails étaient d'ores et déjà intégrés au scénario, c'est pourquoi il était très facile de travailler avec tous ces gens".
Une fois sur place, d'autres éléments plus précis et plus concrets ont été ajoutés au scénario: quelle famille vivait où, où se trouvaient les cabanes où vivaient les réfugiés.
-"Pourquoi j'ai voulu raconter cette histoire?", se demande Zinaïda Viktorovna."Parce qu'il n'y a aucune information sur le fait que les Khanty ont participé comme tout le monde à la défense du pays pendant ces années de guerre. C'est comme si personne de notre peuple n'était parti pour le front. Et pourtant, quelques mille cinq cents des nôtres y sont restés! Tous les hommes étaient volontaires pour le front, seuls les personnes âgées, les garçons mineurs, les femmes et les enfants restaient dans les villages. Peu avant la fin de la guerre, on y envoyait même les plus âgés. Mon grand-père avait presque cinquante ans lorsqu'il parti pour cet enfer, et il alla jusqu'à Berlin. Mais Dieu merci, il est revenu!".
"D'après nos informations, dans un autre village , qui se trouve un peu plus haut, le brigadier était une femme. Elle fut remplacée par un garçon de quatorze ans. Voilà le genre d'histoires, qu'il faut raconter au monde", la réalisatrice en est convaincue.
"Tout ne fut pas si simple: il n'y avait sur place aucun technicien de cinéma. Il a fallu partir de zéro. Le travail était colossal, même sur le plan physique. Nous transportions tout le matériel et les accessoires sur les épaules et le dos, il fallait faire face aux attaques de moustiques et la pluie ruinait nos plans. On peut s'imaginer le travail que cela représente si on prend en compte le fait qu'une soixantaine de personnes étaient impliquées sur le tournage".
La réalisatrice a choisi elle-même les acteurs parmi les habitants un an avant le début du tournage.
-"Je connais chacun d'entre eux, leur caractère. C'est très important, car ils ne se livrent pas tous. J'ai choisi des gens talentueux. J'avais peur que certains ne puissent pas jouer leur propre rôle devant la caméra", nous confie Zinaïda.
Ces acteurs non professionnels sont venus à bout de leurs doutes et de leurs peurs, grâce aux remarques pertinentes de la réalisatrice.
"Je leur ai dit: il ne faut pas jouer mais vivre ce morceau de la vie et de l'histoire des khantys. Dans chaque village, on remarquait des gens, leur caractère et leur mode de vie. Il vous faut vous immerger dans cette vie, vous interroger sur ce qui les ont fait souffrir ou pleurer, comment ils se disputaient même, comment ils se déplaçaient, s'asseyaient, de quelle façon ils se partageaient le poisson".
Ces acteurs connaissaient très bien la vie dans les campements. Ils ne jouaient pas, ils vivaient leur propre rôle. Peut-être qu'un acteur professionnel n'y serait pas arrivé.
Fidèle à sa terre
Au cours de cette discussion, Z. Longortova évoqua un thème très important et sensible pour elle.
-"On me demande souvent: vous recevez des honoraires pour vos livres, mais pour les films, les sommes doivent être énormes. Je vais décevoir mes lecteurs et mes spectateurs. Ce que je fais, ce n'est ni pour de l'argent ou pour d'éventuelles perspectives futures", nous confie sincèrement Zinaïda Viktorovna, qui a consacré trente ans de sa carrière à la chaine régionale 'Yamal-region' du service public. J'ai entendu les mots suivants 'je suis fidèle à ma terre' de mon ancien chef Yuri Andreevitch Koukevitch. Je peux aussi parler de moi en ces termes. J'aime vivre avec ce sentiment et c'est ce dont j'ai besoin tout au fond de moi. C'est sûrement ce qu'il y a de plus important dans mon caractère, et non quelques intérêts financiers.
Aujourd'hui, elle se soucie du fait qu'il y ait peu de professions représentées dans le peuple khanty, dont peu d'acteurs et de réalisateurs, que peu de films sont tournés en langue maternelle, et que peu de contes traditionnels sont adaptés à l'écran.
Beaucoup de poètes et d'écrivains des Khanty ont, en leur temps, écrit des œuvres talentueuses, conservant ainsi la mémoire des temps passés. Mais qui racontera l'histoire, qui n'est connue que d'elle, cette jeune femme du XXIe siécle?
Elle la racontera, ou mieux encore, son film la montrera! Même s'il faut pour cela endurer doutes et peurs, assimiler le b.a.ba d'une nouvelle profession, ou y ajouter des moyens financiers supplémentaires. Ses deux filles Marina Longortova et Irina Kosatcheva ont apporté un grand soutien financier , son gendre Igor Novikov a endossé le rôle du deuxième opérateur , et même celui d'ingénieur du son sur les derniers tournages. Tatiana Longortova était costumière et première assistante.
Alors qu'ils tournaient un plan estival, ils reçurent l'aide du gouverneur de la région.
-"Beaucoup de dettes se sont accumulées envers l'équipe de tournage: le matériel, les transports, ce gros colosse qu'est le film. Chaque tournage est pareil au soldat rejoignant ses fortifications pendant la guerre", nous dit Zinaïda, ne cachant pas ses émotions. "Et si tu ne t'acquittes pas auprès des gens? Que feront-ils avec ce salaire dérisoire? Voilà que justement Dmitri Nikoaevitch Kobylkine nous donna un financement, et ce fut pour moi un poids qui me tomba des épaules, je poussai un soupir de soulagement".
Zinaïda ne se considère pas comme une femme politique, juste comme une personne qui aime son travail, et qui continuera de réaliser des divertissements et des films sur son peuple et sa culture.
"Il faudra encore être patient pour voir le film 'La Route depuis l'Ob' prêt à la projection. Devant nous, il y a encore des journées chargées, pendant lesquelles il faudra terminer le montage, ajouter la musique, corriger le son... Il est possible que la présentation du film ait lieu le jour de la Victoire". Pour le moment Zinaïda Longortova promet de venir montrer son film dans chacun des villages des acteurs qui ont pris part à celui-ci. Selon les habitants de Salekhard, les tournages les plus proches de nous ont eu lieu à Gornoknyazevsk.

Sélections dans les festivals ou événements :
- Festival international des premiers films "Esprit du feu", Khanty Mansiïsk (Russie), 2019