Bonus : Journal d’une guerre sans fin : entretien exclusif avec Pavel Lounguine (14 mn 32)
Synopsis
1988, à la veille du départ des troupes soviétiques d'Afghanistan. Le commandement de la 108ième division d'infanterie motorisée prévoit de passer par le col Salang, contrôlé par la bande de moudjahidins d'un certain Ingénieur Hoshem. Des émissaires essaient de trouver un accord et de négocier ce passage mais l'affaire se complique quand un avion s'écrase et que le pilote Alexandre Vassilev, le fils du général, est fait prisonnier par Hoshem. Commence alors un jeu complexe où se heurtent les intérêts contradictoires de toutes sortes d'individus : militaires d'état-major, islamistes, spetsnaz (unités de commandos), agents de renseignements, fonctionnaires du gouvernement afghan, membres des services spéciaux soviétiques, Tadjiks, Pachtouns, etc. Et au milieu de tout ça, les soldats du bataillon de reconnaissance pour qui la règle de ne pas abandonner les siens l'emporte sur toute considération politique. C'est le sens du titre original russe "Fraternité". Le retrait si attendu de la 108ième division est suspendu, le temps d'une dernière mission : récupérer le pilote.
Basé sur des faits réels, le film raconte l'histoire longtemps tue de la campagne du retour par le col Salang. Il révèle le danger, l'horreur et la complexité de la nature humaine en temps de guerre.
Ce film de Pavel Lounguine reçoit le 8 avril 2019 son visa de sortie et doit faire la clôture du Festival de Cinéma de Moscou le 25 avril. Mais le 12 avril, une polémique très violente se déclenche alors, initiée par des comités de vétérans d'Afghanistan qui crient au scandale et à la diffamation et protestent à la Douma. De fait, les combattants internationalistes (nom donné à l'époque aux troupes soviétiques d'intervention en Afghanistan) sont montrés sous un jour trop réaliste. Il s'inspire des souvenirs du général Nikolaï Kovalev et ne cache rien de la dérive de certains soldats vers l'alcoolisme, la violence et les exactions à l'encontre de la population civile tout en magnifiant le courage d'autres. Ce portrait nuancé ne peut plaire aux anciens car il écorne l'image d'Epinal convenue. Finalement, le film est déprogrammé et sa sortie nationale, fixée au 9 mai (anniversaire de la Victoire en Europe), est repoussée au 10 mai.
Lounguine est blessé de ces accusations d'antipatriotisme et déclare : " Assez de vouloir qu'on vous lèche le cul. Je veux simplement dire que cette guerre est un abcès. Comme la guerre en Tchétchénie. On ne veut pas en parler et ça pourrit de l'intérieur. Nous nous taisons et voulons repeindre en rose. Et ça s'infecte encore plus."
Trente ans ont passé depuis la fin de la guerre en Afghanistan et le pouvoir actuel comme la société ont du mal à affronter la vérité et tourner la page. Les Américains ont réussi à surmonter le traumatisme du Vietnam, les Russes ont encore du chemin à faire.