Aleksandr SANINE
Александр САНИН
Aleksandr SANIN
Russie, 1919, 50mn 
Noir et blanc, muet, fiction
Polikouchka
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Поликушка

 

 Polikushka

 Polikushka

 
Réalisation : Aleksandr SANINE (Александр САНИН)
Scénario : Nikolaï EFROS (Николай ЭФРОС), Fiodor OZEP / OTSEP (Федор ОЦЕП)
D'après une nouvelle de Tolstoï
 
Interprétation
Sergueï AIDAROV (Сергей АЙДАРОВ) ...Le facteur
Varvara BOULGAKOVA (Варвара БУЛГАКОВА) ...La nièce de la patronne
Sergueï GOLOVINE (Сергей ГОЛОВИН) ...Doublov
Dmitri GOUNDOUROV (Дмитрий ГУНДУРОВ)
A. ISTOMINE (А. ИСТОМИН) ...Le neveu de Doublov
Nikolaï KOSTROMSKOI (Николай КОСТРОМСКОЙ)
Varvara MASSALITINOVA (Варвара МАССАЛИТИНОВА) ...La femme du menuisier
Ivan MOSKVINE (Иван МОСКВИН) ...Polikeï
Vera PACHENNAIA (Вера ПАШЕННАЯ) ...Akoulina, la femme de Polikeï
Evguenia RAEVSKAIA (Евгения РАЕВСКАЯ) ...La patronne
Nikolaï ZNAMENSKI (Николай ЗНАМЕНСКИЙ) ...Aliocha
 
Images : Youri JELIABOUJSKI (Юрий ЖЕЛЯБУЖСКИЙ)
Décors : Sergueï KOZLOVSKI (Сергей КОЗЛОВСКИЙ), S. PETROV (С. ПЕТРОВ)
Musique : Aleksandr ARKHANGUELSKI (Александр АРХАНГЕЛЬСКИЙ), Issaïa DOBROVEÎN (Исайя ДОБРОВЕЙН)
Production : Rus
Date de sortie en Russie : 10/1922
 

Synopsis
Polikeï, un valet, que tout le monde appelle familièrement Polikouchka, est un ivrogne. Il a été jusqu'à vendre l'horloge de ses maîtres pour se procurer quelques sous qu'il est allé dépenser à l'auberge. Aussi, quand il faut choisir un serf comme conscrit pour l'armée, le maître voudrait envoyer Polikeï et garder Doublov. Mais la maîtresse s'y oppose : Polikouchka a promis de s'amender. La maîtresse décide d'envoyer Polikeï encaisser 3500 roubles que lui doit un de ses créanciers. Polikeï, tout fier, se vante de cette marque de confiance devant sa femme Akoulina qui lui fait promettre que durant tout le voyage il ne touchera pas à la vodka. Arrivé à la ville, il s'installe à l'auberge, encaisse l'argent et fait quelques courses au marché, puis se couche. Mais il ne cesse de se réveiller pour vérifier que l'argent est toujours là. La même nuit, arrivent à l'auberge les conscrits de Pokrovskoïe parmi lesquels Iliouchka, le neveu de Doublov. Il commande de la vodka et maudit son oncle qui l'a fait partir comme soldat à la place de l'un de ses fils. De bon matin, Polikeï retourne à Pokrovskoïe, mais fatigué, il somnole sur sa charrette. A cent mètres du village, il s'aperçoit qu'il a perdu l'argent. Ce n'est que le soir qu'il se présente devant sa femme et lui déclare qu'il a remis l'argent à la maîtresse. Quand celle-ci le fait demander une fois de plus, il se dirige vers le grenier. Un peu plus tard, la femme du menuisier le découvre pendu à une poutre. Akoulina, qui était en train de laver son plus jeune enfant dans un baquet, se rue désespérée dans le grenier. Elle se souvient soudain de son fils, mais il est trop tard : le bambin s'est noyé dans le baquet. Akoulina devient folle. Quelques jours plus tard, Doublov qui a trouvé l'argent sur le chemin le rapporte à la maîtrese qui, encore secouée par la mort de Polikeï et de l'enfant, lui dit de le garder, qu'elle ne « toucherait pas à cet argent maudit ». Doublov décide de l'utiliser pour racheter son neveu. A la sortie de la ville, Doublov et son neveu rencontrent une troupe de recrues parmi lesquelles se trouve Aliocha, le remplaçant d'Iliouchka. Surexité par l'eau-de-vie qu'il vient d'ingurgiter, le jeune homme éclate en imprécations.
 

Commentaires et bibliographie
Киностудии дореволюционной России [Studios d'avant la Révolution russe], Анастасия ВОЙКО, culture.ru, 2015
L’adaptation des classiques littéraires nationaux, dans le cinéma russe prérévolutionnaire : un réflexe culturel ?, Jasmine JACQ, Université de Franche-Comté, 2014
Les origines du cinéma soviétique : un regard neuf, Myriam TSIKOUNAS, Cerf, 1992
 
"Les réalisateurs utilisèrent dans le film des moyens d'expression cinématographiques tels que les gros plans et les détails, les raccourcis, les prises de vues en mouvement, le montage dynamique. La grande valeur du film était surtout déterminée par l'interprétation magistrale de I. Moskvine dans lé rôle du paysan Polikeï. Grâce au jeu précis et réfléchi de l'acteur, le personnage était devenu concret. Le spectateur était tendu en suivant le destin tragique de Polikeï, et en même temps il pénétrait dans son monde intérieur qui était exposé en détail par Tolstoï et communiqué scrupuleusement à l'écran par Moskvine. L'acteur avait enrichi par de nombreux détails l'aspect concret du personnage. Les critiques de l'époque, unanimes, parlaient de la profonde pénétration de Moskvin dans le fond de son personnage...
La critique formaliste jugeait sévèrement le film, le qualifiant de « théâtral » et de « littéraire ». Cette critique considérait que l'exposition de la profondeur du caractère humain était de la psychologie inutile et confirmait seulement son appartenance au théâtre et à la littérature. Selon elle, le film portait atteinte au caractère spécifique de la cinématographie, qui se trouvait hors des limites du théâtre et de la littérature. En voyant le film en 1921, Lounatcharski écrivait : « L'interprète du rôle principal, Moskvine, incarne un personnage merveilleusement touchant. Peut-être — c'est discutable — était-il possible de ne pas donner un tel caractère épique au film : mais à son avis, et quoi que cela puisse paraître étrange, Polikouchka est un grand pas dans la direction de la communication scupuleuse des qualités purement littéraires et psychologiques de l'œuvre littéraire à l'écran. » Parlant du film d'une manière quelque peu évasive, Lounatcharski remarquait cependant la valeur fondamentale du film qui conservait les « qualités purement littéraires et psychologiques » du récit. Le réalisme de Polikouchka était instructif non seulement pour notre cinéma de l'époque mais pour l'art cinématographique des pays étrangers.
La critique étrangère d'avant-garde avait remarqué, avant tout, le réalisme du film, la représentation réelle de la vie. Le critique de théâtre occidental bien connu à l'époque, Alfred Kerr, écrivait : « La particularité de ce film par rapport à tous les autres, est qu'on y joue mieux que dans les autres... Une nouvelle ère commençait pour le cinéma. En s'exprimant en termes techniques, on pouvait parler d'un nouveau réalisme. Mais en fin de compte, le secret ne réside pas en ce que là, ou autre part, on voit le réalisme, l'expressionisme ou Fimpressio-nisme. Le secret est qu'on joue mieux."
R.N. Yourenev, Essais sur l'histoire du cinéma soviétique, cité par Le Cinéma russe et soviétique, Centre Pompidou, 1981

Sélections dans les festivals ou événements :
- Europalia Russia 2005, Bruxelles (Belgique), 2005
- Images Russie 1908-1930 au musée d'Orsay, Paris (France), 2005

Images et vidéos