Editeur : Rimini Editions. 2023. Titre : Le Destin d'un homme.
Seul bonus de cette édition : le destin d’un réalisateur, un module tourné le 6 mars 2022 avec la participation de Joël Chapron. Dans celui-ci, le spécialiste revient sur l’époque du film, la nouvelle dont est tirée le long-métrage, le parcours de Sergey Bondartchouk, l’adaptation, l’intime au centre du film, le succès du Destin d’un Homme, que ce soit en Russie ou en France, et la suite de la carrière de Bondartchouk. Très intéressant, ce bonus apporte pas mal de précisions et de contexte.
Synopsis
Un homme, épuisé, marche dans la campagne, accompagné d’un jeune garçon. Il est accablé par le poids du malheur que la guerre lui a infligé. A 17 ans, la sérénité de son existence a été emportée par l’horreur de la vie au front. Prisonnier, il a vécu les souffrances inhumaines des camps allemands: il a été astreint au travail forcé et soumis aux pires sévices. Il a cependant échappé à la mort, s’est évadé, est parvenu à rejoindre l’Armée rouge. Il apprend que sa femme et ses deux filles ont été écrasées sous les bombes. Son fils aîné, qui avait survécu, a été tué le dernier jour de la guerre. Pourtant, l’homme manifeste encore sa foi en la vie: il adopte un orphelin de guerre.
« Dans cette adaptation d’une nouvelle de Mikhaïl Cholokhov où rayonne la belle actrice Zinaïda Kirienko, le protagoniste raconte son histoire en prenant à témoin le spectateur : celui-ci découvre la réalité des camps où périrent des millions de ses compatriotes et s’entend dire que « cet homme n’est pas un modèle », qu’il n’est que « l’exemple de ce que tu es » et que ce qui fait sa grandeur c’est « l’incapacité physique à devenir esclave. Dans cette « histoire d’un homme véritable » (pour reprendre le titre du film d’Alexandre Stolper, (1948) sur le cas véridique d’un homme amputé des deux jambes mais parvenant à voler à nouveau), Bondartchouk interprète lui-même le rôle du héros. Bondartchouk évite toute héroïsation facile et se borne à afficher un fervent humanisme ».
Marcel Martin, Le Cinéma soviétique, L’Age d’Homme.
« Bondartchouk fait toucher du doigt ce scandale : prendre un homme heureux, en faire un homme malheureux. Que pour la première fois un film soviétique décrive si longuement la condition des prisonniers de guerre, que l’antisémitisme nazi y soit dénoncé bien plus clairement que dans n’importe quel autre film russe, ce sont alors des détails utiles à relever, mais qui ne sauraient étonner de la part de ce phénomène. Non, le nouveau, le réel, le scandaleux, le voici: Sokolov est un héros, et il est malheureux. Son héroïsme est celui d’un personnage vivant, pas celui d’un mannequin exemplaire du cours d’instruction civique. »
Roger Tailleur, Positif, novembre 1959.