Mikhaïl KOZAKOV
Михаил КОЗАКОВ
Mikhail KOZAKOV
URSS, 1982, 139mn 
fiction TV
La Porte Pokrovski
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Покровские ворота

 

 The Pokrovskie Gates

 Pokovskie vorota

 
Réalisation : Mikhaïl KOZAKOV (Михаил КОЗАКОВ)
Scénario : Leonid ZORINE (Леонид ЗОРИН)
 
Interprétation
Viktor BORTSOV (Виктор БОРЦОВ) ...Savva Ignatevitch
Leonid BRONEVOI (Леонид БРОНЕВОЙ) ...Arcadie Veliourov
Marina DIOUJEVA (Марина ДЮЖЕВА) ...Anna Adamovna
Igor DMITRIEV (Игорь ДМИТРИЕВ) ...Gleb Orlovitch
Tatiana DOGUILEVA (Татьяна ДОГИЛЕВА) ...Svetlana
Elena KORENEVA (Елена КОРЕНЕВА) ...Lioudotchka
Mikhaïl KOZAKOV (Михаил КОЗАКОВ) ...Konstantin Romine de nombreuses années plus tard
Natalia KRATCHKOVSKAIA (Наталья КРАЧКОВСКАЯ) ...La femme de Soev
Rimma MARKOVA (Римма МАРКОВА) ...Médecin
Oleg MENCHIKOV (Олег МЕНЬШИКОВ) ...Konstantin Romine (Kostik)
Evgueni MORGOUNOV (Евгений МОРГУНОВ) ...Soev
Elizaveta NIKICHTCHIKHINA (Елизавета НИКИЩИХИНА) ...Nina Orlovitch
Inna OULIANOVA (Инна УЛЬЯНОВА) ...Margarita Khobotova
Aleksandr PIATKOV (Александр ПЯТКОВ) ...Le patient de Lioudotchka
Sofia PILIAVSKAIA (Софья ПИЛЯВСКАЯ) ...Alisa Vitalievna
Vladimir PITSEK (Владимир ПИЦЕК) ...L'ami arménien de Savva
Anatoli RAVIKOVITCH (Анатолий РАВИКОВИЧ) ...Lev Khobotov
 
Images : Nikolaï NEMOLIAEV (Николай НЕМОЛЯЕВ)
Décors : Lioudmila KOUSSAKOVA (Людмила КУСАКОВА)
Musique : Gueorgui GARANIAN (Георгий ГАРАНЯН)
Production : Mosfilm
 
Sites : IMDb, Kinopoisk

Synopsis
Une comédie lyrique, basée sur la pièce de Leonid Zorin Pokrovskije vorota, raconte l’histoire des habitants d’un grand appartement dit « communal » (que partagent plusieurs familles) dans le centre de Moscou des années 50. Le jeune étudiant Kostik vient habiter chez sa tante dans une des chambres de ce grand appartement et prend connaissance de tous les problèmes de ses habitants. Margarita Pavlovna n’arrive pas à quitter définitivement son mari et vit entre deux hommes de sa vie. Son mari a pourtant déjà trouvé un nouvel amour dans la personne de la jeune infirmière Lioudotchka, mais il lui faut beaucoup d’efforts pour persuader Margarita Pavlovna, qu’il pourrait se débrouiller dans la vie quotidienne sans son aide. L'humoriste Veliourov est amoureux d’une jeune sportive, laquelle ne prend pas au sérieux l’amour d’un homme, beaucoup plus âgé qu’elle.
 

Commentaires et bibliographie
Встретимся у Покровских ворот [Sortie en Russie sur grand écran d'une version restaurée du célèbre téléfilm La Porte Pokrovski, 1982, de Mikhaïl KOZAKOV], Leonid PAVLIOUTCHIK, trud.ru, 2022
Советские фильмы-мюзиклы, заслужившие любовь миллионов зрителей. [Des films musicaux soviétiques qui ont gagné l'amour de millions de téléspectateurs.], dzen.ru, 2021
 
Le film légendaire « Pokrovskie Vorota » de Mikhaïl Kozakov sort pour la première fois sur les écrans 40 ans après. Le film a eu des difficultés à parvenir jusqu’aux spectateurs. Le critique de cinéma Léonid Pavlioutchik explique les raisons de ce parcours semé d’embûches.
Depuis le 8 septembre, le film « Pokrovskie Vorota » (la Porte Pokrovski) est à l’affiche de toutes les salles de cinéma du pays. Les laboratoires de Mosfilm ont restauré chaque plan du film. Grâce à cette restauration soignée, les spectateurs peuvent redécouvrir ce chef d’œuvre avec les couleurs et les sons que le réalisateur, Mikhail Kozakov, et le chef opérateur, Nicolai Nemoliaeev, lui avaient donnés. Tourné pour la télévision, le réalisateur, Mikhail Kozakov, rêvait initialement d’en faire un film pour le cinéma. Quarante ans après, son rêve s’est réalisé.
Le film « La Porte Pokrovski » a eu du mal à parvenir jusqu’aux spectateurs. Quand Mikhail Kozakov a découvert ses talents de réalisateur, il était déjà un acteur confirmé et bien connu pour ces grands rôles dans « Meurtre dans la rue Dante », « 9 jours d’une année », « L’homme-amphibie ». En 1947, il avait mis en scène au théâtre Malaia Bronnaia « La Porte Pokrovski » d’après la pièce de théâtre de Léonide Zorine qui venait d’être publiée : le récit mélancolique, tendre et drôle des événements du quotidien d’un appartement communautaire du quartier de la Porte de Pokrovski dans les années 50.
La pièce n’est pas devenue un événement théâtral, les camarades de Kozakov lui reprochaient même le choix du sujet anecdotique et de peu d’importance, mais le public, lui, avait été conquis. Kozakov décida d’en faire un film. A Mosfilm, Georgui Danielia, le directeur artistique des comédies et films musicaux, n’en voulait pas au motif qu’un long métrage allait faire perdre le « souffle » de la pièce, ses aspects les plus vivants et ses dialogues. Il proposa alors à Kazakov d’en faire un téléfilm en deux parties.
Se mettant au travail sur ce projet avec le studio Ecran, Kozakov était loin d’imaginer qu’un film sur le vieux Moscou allait pouvoir susciter des réserves. Cependant, les fonctionnaires de l’époque de Brejnev n’avaient guère d’enthousiasme pour le film qui transpirait la nostalgie du dégel khrouchtchevien. Un fonctionnaire lui imposa des conditions : « si vous voulez être autorisé à tourner cette comédie douteuse, vous devez d’abord interpréter Dzerjinski au cinéma ». Et Kozakov dû jouer Félix Dzerjinski trois fois de suite avant d’être autorisé à tourner.
Le tournage devait avoir lieu en studio à Mosfilm pour les scènes d’intérieur, et dans les rues et boulevards de Moscou pour les scènes extérieures. Avant cela, il fallait aussi finaliser le casting qui s’avéra très compliqué. Il est difficile de se l’imaginer aujourd’hui, mais des acteurs très différents auraient pu jouer dans le film. (…) Kozakov avait proposé le rôle du vétéran à Nikita Mikhalkov à qui le scénario déplaisait beaucoup et qui refusa. Progressivement, Kozakov en vint à la conclusion qu’il lui fallait des acteurs peu connus pour interpréter les habitants d’un appartement communautaire. Car « un appartement communautaire ce sont des visages inconnus. Un seul est connu parmi eux, c’est Arkadi Veliourov. C’est l’artiste ». (…) Elena Koreneva refusa dans un premier temps le rôle de l’infirmière langoureuse, Liouda Khobotova. Après avoir tourné dans de grands films tragiques comme « La Romance des amoureux » et « Sibériade », l’actrice n’était pas inspirée par ce film. La mère d’Elena Koreneva qui travaillait sur le casting du film l’a finalement convaincue d’accepter le rôle. C’est elle aussi qui a trouvé Oleg Menchikov, jeune acteur totalement inconnu à l’époque, pour interpréter le rôle de l’étudiant. Avant Oleg Menchikov, Kozakov avait fait des essais avec une bonne vingtaine d’acteurs débutants, y compris son propre fils, mais en vain. Léonide Zorin qui était très attentif à la recherche du principal héros dira plus tard de Menchikov « qu’il avait suffi d’une minute pour comprendre que c’était lui. Il était encore étudiant et rayonnait d’humour et de la gaité de l’âge tendre ».
Les studios de la télévision d’Etat acceptèrent rapidement, dans un premier temps, le film. Mais son passage à la télévision fut retardé notamment par le départ aux Etats-Unis de la mère d’Elena Koreneva. Le directeur de la télévision d’Etat, Serguei Lapine, voyait dans le film « une déformation de l’image du soldat soviétique » (il s’agissait du rôle de Savva Ignatievich interprété avec beaucoup de tendresse par Victor Bortsov). Kozakov raconte dans ses souvenirs que Serguei Lapine, furieux contre cette « caricature » avait dit « ce genre de film est réalisé par ceux qui fuient en Israël ou aux Etats-Unis. C’est comme Zochtchenko ! » . Après la chute de l’URSS, Kozakov émigra en effet pendant quelques années en Israël. Mais de quoi Zochtchenko, un classique de la littérature soviétique, s’était rendu coupable aux yeux de Serguei Lapine, est resté une énigme.
Après d’innombrables modifications, « La Porte Pokrovski » finit par être diffusée à la télévision en février 1983. Et pourtant, même dans les années qui suivirent, le film continua de subir des modifications et des coupes : les mots prononcés en allemand par le vétéran de la guerre, Savva Ignatievich, la chanson « Rosamunda », et, pendant la période gorbatchévienne de lutte contre l’alcool, les scènes d’ivrognerie de Veliourov (« Et qui ne boit pas ? Donne-moi un nom. J’attends ! ») disparaissent elles aussi.
La fin du film suscitait beaucoup de questions auprès des idéologues soviétiques : la moto de « l’infatigable Savranski » s’arrache du sol et s’envole du Mont des Moineaux au dessus de Moscou. Les idéologues demandaient à Kazakov « Pour quelle raison et où s’envole la moto de Savranski ? ». Kazakov répondait laconiquement « C’est le temps qui s’envole ».
Le temps, celui représenté dans le film, s’est effectivement envolé, évaporé dans la brume du passé. Se sont envolés au ciel de nombreux créateurs de films (…). Mais ce film étonnant, intemporel, malicieux et triste, poétique et tendre que Kozakov a rempli de magie visuelle, de vers de Pouchkine, de chansons de Boulat Okoudjava (« Arbat, mon Arbat, tu es ma Patrie ») et de la musique enchanteresse de Georgui Garanian est resté dans l’histoire du cinéma, dans nos cœurs et nos souvenirs.
J’ai vu ce film une dizaine de fois. Il est devenu pour moi l’hymne au vieux Moscou à tout jamais magnifique. L’hymne à la jeunesse victorieuse et l’amour triomphant. Et enfin, l’hymne à la dignité humaine qui ne peut pas être brisée. Revoyez « La Porte de Pokrovski » sur grand écran et dans la version de son auteur. Le film le mérite.
Traduction de l'article de Léonid Pavlioutchik, 2022, par Hélène Stein

Critiques sur Kinopoisk

Sélections dans les festivals ou événements :
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