Malika MOUSSAEVA
Малика МУСАЕВА
Malika MUSAEVA
Russie / France, 2022, 87mn 
fiction
Cage cherche oiseau
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Клетка ищет птицу

 

 The Cage is Looking for a Bird

 Kletka ishchet ptitsu

 
Réalisation : Malika MOUSSAEVA (Малика МУСАЕВА)
Scénario : Malika MOUSSAEVA (Малика МУСАЕВА)
 
Interprétation
Khadija BATAEVA (Хадижа БАТАЕВА) ...Yakha
Magomed ALKHASTOV (Магомед АЛХАСТОВ) ...Ibrahim
 
Images : Dmitri NAGOVSKI (Дмитрий НАГОВСКИЙ)
Décors : Olga_2 SMIRNOVA (Ольга_2 СМИРНОВА)
Musique : Mourat KABARDOKOV (Мурат КАБАРДОКОВ)
Produit par : Ilia STEWART (Илья СТЮАРТ), Nikolaï YANKINE (Николай ЯНКИН)
Production : Alexander Sokurov's Fund, Hype Studios, Totem Films
Recettes en Russie : 0.012921 million(s) de dollars
Spectateurs : 3 100
Date de sortie en Russie : 12/10/2023
 
Sites : IMDb, Kinopoisk

Prix et récompenses :
Grand prix Festival du film et forum international sur les droits humains : FIFDH, Genève (Suisse), 2024
Grand prix, Programme russe, Festival international des premiers films "Esprit du feu", Khanty Mansiïsk (Russie), 2023

Synopsis
Le film "Cage cherche oiseau" est le premier long métrage de Malika Moussaieva, une étudiante de l'atelier de réalisation d'Alexandre Sokourov à Naltchik.
L'action se passe de nos jours dans le village d'Archty à la frontière avec la Tchétchénie où vivent des Tchétchènes. Le film est d'ailleurs tourné en langue tchétchène. Les héroïnes vivent une tragédie personnelle face à l'impossibilité de choisir leur propre chemin. Les rôles principaux sont interprétés par des femmes du village sans aucune formation d'acteur.
 

Commentaires et bibliographie
Berlinale 2023 – Encounters : Rencontre avec Malika Musaeva pour Kletka ishet ptitsu (The Cage Is Looking for a Bird) – un souffle de poésie dans une société de servitude, Malika MOUSSAEVA, Malik BERKATI, j-mag.ch, 2023
Это сладкое слово — несвобода. В прокат вышел фильм Малики Мусаевой Клетка ищет птицу, Andreï PLAKHOV, kommersant.ru, 2023
Les cinq films de réalisateurs russes les plus attendus en 2023, Alexandre NETCHAÏEV, RUSSIA BEYOND, 2023
Malika Musaeva: The Cage is Looking for a Bird (Kletka ishchet ptitsu, France/Russia, 2023), Birgit BEUMERS, Kinokultura, 2023
«Ты что, снимаешь про мою жизнь?»[Interview de Malika MOUSSAIEVA (Малика МУСАЕВА) à propos de son film Cage cherche oiseau (Клетка ищет птицу), 2022], Malika MOUSSAEVA, Interview, kino.rambler.ru, 2022
 
ALORS QUOI, TU FILMES MA VIE ?
La première de « Oiseau cherche cage », premier long métrage de Malika Moussaiéva, élève de l’Atelier d’Alexandre Sokourov, aurait pu avoir lieu à Cannes mais le comité de sélection du Festival a refusé de l’inclure dans la compétition sans aucune explication.
Nous avons bavardé avec Malika Moussaiéva sur le contenu du film, sa réalisation et son avenir.
Un film sur la non-liberté. J’aime recourir à ce qui m’est familier. Ce film est une mosaïque de caractères et de destins que j’ai observés dans la vie. Le résultat, une histoire très féminine dont les héroïnes connaissent une tragédie personnelle, un conflit intérieur qu’elles essaient de surmonter. C’est un film sur la non-liberté, sur l’impossibilité de choisir sa voie, son point de vue. Parfois, les circonstances peuvent être plus fortes que toi et il faut faire un compromis en comprenant que tu ne peux pas t’en sortir. Ces histoires ne demandaient qu’à sortir mais il me semble que je les ai à peine effleurées.
Ma première idée : filmer des réfugiés tchétchènes en Europe, est apparue après mon départ pour l’Allemagne et mes études à la Hamburg Media School. J’ai cherché un financement mais ça n’a rien donné. En Allemagne, la situation du cinéma d’auteur est terrible. La télévision allemande et les lander financent plutôt des films moyens, superficiels qui n’obligent pas à réfléchir.
Comme me l’a dit un directeur artistique : « Ta cuisine dramaturgique n’intéresse personne. », c’est-à-dire le drame intérieur du héros de l’histoire. Le conflit doit être extérieur, c'est ce qu'on nous apprenait à l'école de cinéma. Je ne suis pas du tout d'accord avec ça mais l'enseignement de l'école était utile. Sans doute pas au niveau du contenu mais sur un certain plan professionnel.
A Naltchik, bien sûr, nous ne filmions pas du tout comme ça. A Hambourg j’ai appris à être responsable de mes erreurs et du moindre mot dit pendant la phase préparatoire et le tournage. Mais une telle expérience n’est pas toujours utile. Elle peut même parfois plus détruire qu'être profitable.
Un tournage sans acteurs
Pendant six mois, je me suis battue pour commencer le film. En 2018, avec mon producteur Nikolaï Yankine, je suis allée à Aldy, un village de montagne tchétchène où j’avais vécu quand la guerre a commencé. Je voulais vraiment tourner là-bas mais au bout d’une heure, nous avons compris qu’on n’y arriverait pas. Les gens étaient effrayés, nous demandaient qui nous étions et pourquoi la voiture avait des plaques de Saint-Pétersbourg. J’ai pensé tourner en Kabardino-Balkarie, on a même fait un petit casting à Naltchik, le village balkare de Bezenti me plaisait. Mais les gens du coin n’étaient pas vraiment favorables. Alors, j’ai décidé de tourner en Ingouchie. On nous a d’abord autorisés puis on nous a interdit. Sans le soutien du Ministère de la Culture d’Ingouchie et de son vice-ministre, je n’aurais jamais réussi à tourner, j’en suis sûre.
L’action se passe dans le petit village d’Archty, frontalier avec la Tchétchénie, où vivent aussi des Tchétchènes. Tous nos acteurs sont des habitants locaux et ce fut le plus intéressant. Travailler avec eux a été superbe. Ils se sont révélés étonnamment plastiques, ils comprenaient tout au quart de tour. On aurait dit qu’ils avaient suivi une formation d’acteurs. Je ne comprends pas d’où ça vient même si celle qui joue le rôle de la sœur de l’héroïne principale a dit, après avoir lu le scénario : « Alors quoi, tu filmes ma vie ? »
Pour l’atmosphère et la manière de tourner, je me suis référée au film d’Andrea Arnold « Les Hauts de Hurlevent » d’après le roman d’Emily Brontë . Je l’ai vu pendant mes études à l’Atelier. Je fais aussi référence aux films pour enfants des réalisateurs iraniens que j’aime beaucoup pour leur simplicité, leur humanisme, leur beauté et l’éloge des qualités humaines. Et, bien sûr, j’ai aussi été inspirée par le néo-réalisme italien, par exemple « Les Ragazzi »  de Pier Paolo Pasolini.
C’est Mourat Kabardokov qui a écrit la musique. J’ai rarement eu un travail aussi intensif qu’avec lui. Mourat est quelqu’un de sensible, compréhensif avec un mélange étonnant de finesse, de précision et une incroyable capacité de travail. Nous avons regardé ensemble le film aux studios Lenfilm où je le montais et nous avons discuté sur la possibilité d’utiliser le folklore national. Je lui ai demandé d’apporter un pondar tchétchène, un instrument proche du violon, mais le film rejetait ce son. C’est une histoire très féminine, une histoire tendre. Mourat a proposé la flûte et tout s’est mis en place. On a enregistré la bande-son avec un petit quatuor dans le studio du cinéma documentaire de Saint-Pétersbourg. J’ai eu la chance d’assister à ce processus.
La décision de Sokourov
Le film n’aurait jamais existé sans le fonds  « Première intonation » et sans Alexandre Nikolaevitch Sokourov. Nous maintenons toujours le lien avec lui, nous avons discuté le projet du film, le scénario. On lui envoyait les éléments mais pas par obligation. Simplement, son opinion m’importe beaucoup. C’est un vrai luxe, avoir la possibilité de s’adresser à lui, d’apprendre. Alexandre Nikolaevitch donne toujours des conseils valables mais il ne demande jamais à changer quoi que ce soit selon ce qui lui semblerait juste. Il te laisse une absolue liberté d’action.
Je sais qu’Alexandre Nikolaevitch a publiquement loué mon film mais je me recroqueville quand il me félicite. Je considère que je fais tout mal. Simplement, Alexandre Nikolaevitch se montre chaleureux envers nous, il nous aime tous : et les diplômés et les étudiants. Pour moi, il est un phare, une lumière dans l’obscurité. C’est à Alexandre Nikolaevitch qu’appartient la décision de soumettre mon film au Comité du Festival de Cannes. Les sélectionneurs ont répondu positivement et nous étions certains d’être retenus pour un programme ou un autre mais… pas de raison officielle au refus.
L’avenir du film
Le format du film ne convient pas à la télévision ni au streaming mais il y a encore Locarno et Venise. J’espère que le film sera retenu dans une section de ces festivals, nous nous battrons pour qu’on le montre. C’est important pour tous les gens qui y ont participé. D’autant plus qu’il est en tchétchène et avec des non acteurs. J’ai très envie que les spectateurs le voient.
Je prévois de filmer à nouveau en tchétchène et sur les Tchétchènes. Aujourd’hui j’ai un nouveau scénario. On voulait le tourner dans le Caucase Nord mais actuellement, ce serait compliqué. Voilà pourquoi je m’oriente vers l’Europe.
https://kino.rambler.ru/movies/48703716-ty-chto-snimaesh-pro-moyu-zhizn/
Traduit du russe par Françoise Navailh.

Sélections dans les festivals ou événements :
- Prix "Eléphant blanc", Moscou (Russie), 2024
- Festival du film et forum international sur les droits humains : FIFDH, Genève (Suisse), 2024
- Festival international du film de Berlin : Berlinale, Berlin (Allemagne), 2023
- Cinéma russe hors frontières, kinoglaz.fr (France), 2023
- Festival international du film "Exemple d'intonation", Saint-Pétersbourg (Russie), 2023
- Festival international du cinéma Tarkovski "Le Miroir", Ivanovo (Russie), 2023
- Festival international des premiers films "Esprit du feu", Khanty Mansiïsk (Russie), 2023

Images et vidéos